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et le surlendemain, 1er août, à 10. Mais, dès le 6 août, il était ramené à 6, et le 8 août à 5 pour 100. Ces fluctuations violentes indiquent qu’à la première minute, la Banque a dû se protéger contre des demandes d’escompte qui eussent dépassé ses forces et aussi contre les retraits d’or qui en eussent été la conséquence. Grâce à une série de mesures habiles, elle a pu, en huit jours, abaisser de moitié le taux maintenu pendant cinq jours seulement à 10, et le ramener à 5 pour 100, c’est-à-dire 1 pour 100 seulement au-dessus de ce qu’il était à la veille de la guerre. Le gouvernement a émis des billets de 10 shillings (12 fr. 50) et d’une livre sterling (25 fr.), destinés à faciliter les transactions quotidiennes. Il a garanti la Banque d’Angleterre contre toute perte pouvant résulter de l’escompte de traites acceptées, soit dans le royaume, soit à l’étranger, antérieurement au 4 août. La Banque s’est aussitôt déclarée prête à escompter des effets de la catégorie indiquée, en renonçant à exercer aucun recours contre le cédant et en promettant à l’accepteur de lui donner délai pour le paiement, moyennant un intérêt supérieur de 2 pour 100 au taux courant de la Banque. C’est la première fois dans l’histoire qu’on voit la Banque travailler avec la garantie du Trésor. Dans des crises antérieures, elle avait été couverte contre les risques par des syndicats de banquiers, mais jamais encore les circonstances n’avaient été assez graves pour nécessiter et justifier l’intervention de l’Etat.

Voici le texte de l’avis publié à cet égard par la Trésorerie : « Le Chancelier de l’Echiquier a, depuis plusieurs jours, été en communication constante avec le Gouverneur de la Banque d’Angleterre, les banquiers, les accepteurs et les principaux négocians : il a recherché avec eux les moyens de fournir au pays les facilités bancaires dont il a besoin en ce moment. Les arrangemens définitifs ont maintenant été pris, de façon à mettre un terme à l’arrêt qui s’était produit sur le marché monétaire et à permettre au commerce de reprendre son cours normal. La plus grande difficulté provenait de ce que Londres avait cessé de recevoir des remises de la province et de l’étranger. De là une chute dans le cours des changes et un refus absolu des banques d’escompter le papier comme à l’ordinaire. »

Les banques pouvant, grâce à la garantie gouvernementale, céder une partie importante de leur portefeuille à la Banque d’Angleterre, sont en mesure de consentir de nouvelles avances