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a confié ce troupeau, et que va éclater dans si peu de temps la plus formidable des humaines mêlées, comment ne pas être ému de cette invocation où il peut affirmer, à la fin, l’unité de l’Église et de la chrétienté : « Prions le Seigneur Jésus-Christ, qui a lié et scellé de son sang l’universelle fraternité du genre humain, d’unir par notre moyen les intelligences et les volontés de tous dans une concorde si parfaite que tous les fils de l’Église soient une seule chose entre eux, comme il est. Lui et le Père ! »

Ceux auxquels Pie X adressait ces paroles, avant d’aller dormir dans les grottes de Saint-Pierre, étaient des prêtres appartenant à des nations qui aujourd’hui s’entre-déchirent et peut-être demain s’entre-déchireront davantage. Ils sont revenus à Rome pour élire le successeur de Pie X. Et celui qui recueille l’héritage apporte la tradition de Léon XIII et du cardinal Rampolla. Puisse sa voix dans l’Eglise et, s’il peut, dans le monde, être une voix de paix !

L’histoire d’Église ne se clôt pas comme les autres ; les jugemens y sont à plus longue portée. Rien ne s’y perd : la prière du pontife agenouillé dans l’oratoire compte comme une politique aux grands desseins. La piété fervente d’un Pie X, sa foi mystique dans l’absolu, sa haine de l’erreur, le rassemblement de forces opéré dans le catholicisme sont des élémens que l’histoire a le devoir d’apprécier. Et, pour saluer ici deux Papes, celui qui s’en va et celui qui vient, l’histoire trouve ces mots chantés par des anges à la naissance du Sauveur : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !