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Réformateur d’abord du chant sacré et de la musique d’église, la première des réformes qu’il ait commencée à peine installé dans la chaire de saint Pierre. L’idée est fort belle, les principes posés d’une admirable justesse, si l’application n’a pas donné, même à Rome, tous les résultats qu’il attendait. Réformateur de la dignité du temple et de la maison de Dieu ; réformateur souvent très énergique de la tenue, des habitudes et de l’éducation du clergé. L’œuvre entreprise, sous ce rapport, en Italie, est importante ; on peut dire que, pour quelques régions au moins, celles du Centre et du Midi, il aura été vraiment le Pape de l’Italie du Nord.

La refonte et la codification, poussées très avant, du droit canonique, la réforme accomplie des Congrégations romaines sont des œuvres considérables qui resteront liées, pour l’histoire, au pontificat de Pie X. Sur ce terrain, la fermeté de l’ancien administrateur de diocèse, ici médiocre admirateur de l’antique et majestueux édifice romain, a eu raison de l’esprit de curie. Le système du gouvernement de l’Eglise par les Congrégations, s’il avait dû se modifier sous l’action des changemens et par la suppression du pouvoir temporel, n’avait pas été touché dans son ensemble depuis Sixte-Quint. La loi organique de Pie X supprime des Congrégations ; elle en crée ou en renforce d’autres ; elle délimite les attributions et les compétences ; elle établit une justice curiale régulière ; elle fixe le travail et les traitemens des employés. C’est une révolution dans un petit monde, c’est une centralisation effective, très forte, au profit de la Consistoriale dont dépendent les évêques et dont le Pape se réserve la présidence. C’est une révolution au profit de la Secrétairerie d’État, de qui relève désormais la congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires à laquelle sont rattachés de nombreux pays d’Europe et d’Amérique soustraits à la juridiction de la Propagande.

Le bénéfice de cet accroissement de pouvoir retombait sur celui dont les circonstances et le choix du Pape avaient fait un très jeune cardinal et un secrétaire d’État. On a posé souvent la question des influences exercées auprès de Pie X. Il n’est pas douteux que toutes les déterminations importantes ne puissent être attribuées qu’à lui seul, influencé ou non par des renseignemens du dehors et par des conseillers. Comme conseillers, il a eu, pour la politique, le cardinal Merry del Val, pour la théologie