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dans de l’eau bouillante, peuvent être mangés en toute sécurité en temps d’épidémie.

La désinfection par les antiseptiques est facile à réaliser par le sublimé, le permanganate de potasse, l’acide phénique, etc., à doses relativement faibles.

Le vibrion du choléra est un des bacilles les plus fragiles.

Dans l’eau qui le contient, il est détruit par des traces infinitésimales d’hypochlorite de soude (procédé couramment employé en temps d’épidémie). Fait curieux de la part d’un bacille qui vit si bien dans les contrées tropicales : il résiste au froid, il vit après des semaines, des mois de congélation.

Il y a là un danger à signaler ; il faut se méfier des fruits frigorifiés venant des pays chauds (Indes, Japon, etc.)

Le traitement. On a tout essayé, mais en vain. D’ailleurs, théoriquement, il semble très malaisé de guérir un cholérique typique, parce que la maladie évolue trop rapidement, en l’espace parfois de quelques heures. Les cas de choléra foudroyans sont très nombreux.

Il n’y a pas d’incubation manifeste ; brusquement le malade vomit, a de la diarrhée, devient rigide et tombe dans le coma, parfois deux heures après le début. Dans ce cas, il est impossible de neutraliser les effets foudroyants des toxines circulant dans l’organisme et ayant atteint les organes nobles [1].

Le remède chinois consiste à ébouillanter le malade, et s’il résiste au remède, il est guéri. En Europe, on n’a rien de mieux, curativement parlant. Le sérum agit, il est vrai, mais seulement tout au début, lorsque le poison est en petite quantité et en circulation dans le sang. Mais lorsqu’il est fixé dans certains organes et qu’il est en grande quantité, le sérum est inactif.

L’épidémie cholérique durant la guerre balkanique ne nous a apporté aucun enseignement, aucune méthode intéressante nouvelle ; et pourtant, quel champ d’études !

Il y eut des milliers de morts et le choléra se présenta sous des formes extrêmement variées. La seule thérapeutique efficace (et encore !) qui diminua la mortalité dans la proportion de 20 à 25 pour 100, était l’injection dans les veines de doses massives de sérum artificiel (eau salée). L’effet immédiat est toujours excellent, car le malade, à la suite de vomissemens et de diarrhées en débâcle, a perdu

  1. Le 9 octobre 1817, le choléra surprit, sur la rive droite du Betoah, l’armée anglaise, composée de 100 000 hommes, dont 10 000 Européens, et en tua 20 000 en six jours.