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Le navire qui a été le véhicule du choléra avait à bord un malade, et, malgré la quarantaine et les précautions, la maladie s’est développée à Rotterdam. Le fait doit tenir à la présence de porteurs de bacilles à bord.

Le choléra a de là envahi la Hollande, mais ne l’a frappée que légèrement, parce que les Hollandais ont exercé, contre l’épidémie, une lutte organisée de manière admirable.

Tout suspect était isolé, ainsi que toute sa maison, et cet isolement ne cessait qu’après examen bactériologique négatif. On isola ainsi jusqu’à 114 personnes pour un seul cas. Les résultats de cette tactique furent tels que la plupart du temps les cas furent uniques et jamais on n’arriva à en compter plus de quatre dans le même endroit. Les exemples de la Hollande, de l’Allemagne, de la Belgique montrent comment peut être désormais instituée une méthode définitivement efficace contre le choléra.

En temps de guerre la lutte contre le choléra est bien difficile ; aussi fît-il, pendant la guerre des Balkans, beaucoup de victimes en Serbie, moins en Bulgarie.

Quant au traitement du choléra asiatique, on peut dire qu’il n’a pas fait de progrès.

La mortalité relative est aussi forte maintenant qu’il y a cinquante ans ; elle varie de : 20 à 70 pour 100. Dernièrement en Serbie, pendant l’été 1913, la mortalité fut très élevée. A Istip, un des grands laboratoires organisés par le gouvernement serbe pour le choléra, il y eut 650 malades dont 273 morts, et à Vêles, un des cinq autres laboratoires, sur ! 500 malades, 800 décès.

Les progrès sont dans la prophylaxie individuelle, c’est-à-dire les moyens préventifs par l’hygiène corporelle (la propreté, les précautions alimentaires) et la prophylaxie des agglomérations (villes, contrées, départemens, frontières).

Elle va du particulier au général. D’ailleurs, cette prophylaxie est relativement aisée, car le microbe est aisément détruit ; il ne résiste pas à une température supérieure à 60 degrés pendant plus de 10 minutes ; il est tué en quelques minutes à 80 degrés et instantanément à l’ébullition [1].

Donc les fruits (pèches, poires, prunes, raisins, etc.), trempés

  1. La contagion se contracte par l’eau et d’homme à homme ; cette dernière est terrible. La contagion par l’eau est très variable, car le vibrion y devient plus ou moins virulent ; de même les vibrions de laboratoire changent subitement, radicalement.