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l’Empire de Russie. Mais la condition principale de la survivance future de l’Allemagne est la « germanisation des parties non allemandes de l’empire. » A cette germanisation il faut que l’État et les particuliers contribuent à tout prix, par tous les moyens, « sans avoir le droit de se laisser arrêter par aucun scrupule de légalité, ni non plus de morale. » Est-ce que, déjà, la Constitution même de l’Empire ne dit pas que « le but de l’Empire est exclusivement de veiller au bien-être du peuple allemand ? » Et parmi ces « parties non allemandes, » c’est d’abord et surtout, naturellement, la Pologne qu’il faut « débarrasser de tout élément étranger. »

A quoi l’on ne doit pas travailler par le moyen de l’école, ainsi qu’on a commis l’erreur de le faire, mais bien par le moyen d’une élimination systématique des indigènes polonais, et par celui d’une importation systématique de colons allemands. « Je tiens en effet pour une erreur, — écrit M. Basse, — la manière dont, par le moyen de l’école allemande obligatoire, nous livrons à de fâcheux étrangers le très précieux trésor de notre langue allemande. Nous aurions dû ne contraindre nullement les enfans polonais à fréquenter nos écoles ; ainsi la population polonaise aurait continué à être, parmi nos colons allemands, une troupe d’ilotes, comme il y a cent ans. » Donc, ne plus exiger désormais de l’enfant polonais qu’il apprenne l’allemand : mais, au contraire, mettre un plus haut prix à la connaissance de l’allemand en condamnant ceux qui ignorent cette langue à un plus long terme de service militaire, à la dépense forcée d’interprètes légaux, à la tenue en allemand des livres de commerce, etc., bref en multipliant à l’infini les obstacles, autour des indigènes polonais, de manière à leur rendre de plus en plus impossible le séjour de leur pays.

Quant à la colonisation, allemande, destinée à remplacer la population indigène ainsi éliminée, voici les trois grandes règles sur lesquelles l’appuie le professeur Hasse :

1° il faut interdire rigoureusement et rendre tout à fait impossible l’immigration, en Pologne prussienne, de Polonais et de Tchèques de Russie et d’Autriche. Il n’y a pas jusqu’à l’importation provisoire d’ouvriers slaves pendant le temps de la moisson qui ne doive être sévèrement défendue, — sauf à appeler, au lieu de ces ouvriers slaves, d’autres étrangers, belges ou italiens ;

2° Il faut retenir à tout prix en Pologne les colons allemands qui s’y trouvent déjà fixés. Donation de terres aux ouvriers, assistance publique et privée, création d’œuvres de secours, d’instruction, de divertissement, mais rigoureusement fermées à toute personne non allemande. On doit faire en sorte que « les Allemands aient l’impression d’être chez soi, dans les provinces polonaises : » d’où l’obligation de donner à toute la vie publique une apparence allemande, en supprimant les inscriptions polonaises, en interdisant les journaux et autres imprimés polonais, etc. — Défense sera faite aux Polonais de prendre part à aucun service national ou communal, chemins de fer, postes, administration des domaines publics, etc.

3° Enfin il faut encourager par tous les moyens l’immigration de nouveaux colons allemands dans les provinces polonaises. Avant tout, M. Hasse demande que la Commission de Colonisation accélère ses travaux,