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emballages. J’entends son aigre voix dire qu’il n’y a plus de place pour mes chapeaux et dois, pour les faire loger, demander à la Reine un ordre, auquel il n’est obéi qu’avec beaucoup de mauvaise humeur. M. de Bressieux envoie pour sa part un petit paquet de deux chemises seulement. C’est qu’il aura hâte de revenir à Rome : nous savons pourquoi.

Il faut écrire un billet à la marquise Amati, des lettres aux amis de France, dont M. Roger se chargera, renvoyer la musique de M. Angelini, courir chez la modiste, chez la couturière, demander une lettre de crédit à Torlonia, des passeports à M. de Malsheim, et le soir recevoir les visites comme si de rien n’était. M. Goury part pour Naples, sûrement dans l’espoir que Mlle Feray persistera à y aller. Le prince et la princesse Gagarine paraissent et disparaissent ; eux aussi partent pour Naples, M. Eyvard se rencontre avec M. Vernet. Il continue de s’immortaliser par son argent, faute de pouvoir le faire par un autre moyen : sa dernière idée a été d’envoyer 50 000 francs pour les veuves et les orphelins de ceux des Suisses qui périront pendant la guerre… s’il y en a une !

Mme de la Ferté-Mun surveille attentivement les plis de sa robe de velours vert, l’ampleur de ses larges manches très claires, le petit nœud de velours vert qui les retient au poignet ; elle remet sans cesse en place les plaques de ces bracelets, qui tournent obstinément autour de ses bras. C’est à désespérer ! Aussi n’est-elle pas occupée d’autre chose. MM. Pinto, Almeida, Olivares, veulent être les derniers à saluer la Reine au nom du Brésil, comme ils ont été les premiers à se présenter chez elle lors de son arrivée.

Les Musignano viennent sur le tard. Il n’est plus question pour nous d’emmener la princesse Zénaïde, soit qu’elle ne puisse être prête au départ avant dimanche, ainsi que le prince le prétend, soit que, par prudence, il évite de lier les mouvemens de sa femme à ceux de la Reine en ce moment. Une déclaration de principes dont il ne nous fait pas grâce, malgré l’heure avancée, se résume a vanter la sagesse du prince Eugène et de Jérôme, déclinant en 1820 les offres des carbonari. « L’un et l’autre pensaient qu’allier ensemble la cause italienne et celle du bonapartisme, c’était les perdre toutes deux sans recours. » La princesse Zénaïde annonce le mariage de la fille du duc de Rovigo avec le fils du marquis Azzolini. Les Rovigo habitent