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répétés, des efforts soutenus : elles esquissent en hâte de vastes plans qui ne tardent pas à être délaissés pour d’autres, et le tout aboutit à la continuation de la routine. Parmi ces grands desseins j’en ai entendu développer tout particulièrement trois. Ils se rapportaient, le premier à la diminution du nombre des universités, le second à la concentration des universités existantes en universités spéciales où chaque branche d’études recevrait du choix même des professeurs, de leur groupement, de leur émulation mieux dirigée et enfin des destinations mieux marquées des étudians, un surcroit dévie intellectuelle. Le troisième tendait à une séparation mieux étudiée de la partie scientifique et de la partie professionnelle ou pratique.

Du premier il nous reste peu à dire, puisque le pouvoir est en train, — qu’on nous pardonne le mot, — d’y tourner le dos.

La concentration des universités en universités spéciales, — l’une consacrée tout entière au droit et aux sciences juridiques, une à la médecine, — une troisième a l’histoire, à la littérature, une autre enfin peut-être à la philosophie, voilà qui n’est pas non plus sans soulever bien des objections de plus d’un ordre. Elle exigerait de la part de la jeunesse des déplacemens qui ne conviendraient pas à toutes les familles. Les étudians en médecine de la Vénétie, du Piémont, de la Lombardie seraient invités à habiter Naples, et ainsi de suite ; il en résulterait des changemens d’habitudes qui ne se concilieraient guère avec l’esprit très régionaliste si fort ancré dans la vie sociale et dans la vie politique des populations italiennes. Il n’est pas sûr que ce déracinement profitât à l’esprit de travail et à la conduite des jeunes gens. Quant aux parens, ils trouveraient à coup sûr une telle combinaison trop coûteuse. Les partisans de l’idée répondent qu’on se tirerait d’embarras en créant des bourses. Mais devant la multitude des réclamations appuyées sur les influences électorales, il faudrait arriver, — très vite, — à la gratuité universelle. Encore l’exemption des frais d’études ne couvrirait-elle pas l’excédent des dépenses courantes de la vie des étudians. Alors, ne verrait-on pas les jeunes gens régler le choix de leur carrière sur le voisinage d’une université quelconque plus que sur leur aptitude personnelle ? Est-ce tout ?

Non ! Le principal avantage de la réunion des facultés en une même université, c’est évidemment d’élargir les perspectives de chacune d’elles. Il n’est pas inutile que les littérateurs