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nous prenions une période plus longue, les différences apparaîtraient plus fortes encore : car, de 1896 à 1911, la perte a été de 2290 (soit 4 610 étudians au lieu de 6 900). Une décroissance analogue ne pouvait pas ne pas se produire et s’est en effet produite dans les cours d’histoire naturelle et de pharmacie. Reste la faculté de philosophie et lettres : elle ne présente plus dans l’ensemble qu’une proportion de 7,5, au lieu de 8,0.

Les influences qui ont déterminé ces mouvemens demandent maintenant à être analysées.

Qu’on accoure de plus en plus à la faculté de droit, nul ne saurait s’en étonner. C’est incontestablement celle qui peut le mieux retenir les jeunes gens désireux de conquérir avec le moins de peine possible le prestige ou l’ornement d’un diplôme. Ce diplôme a d’autant plus d’attrait qu’il est unique : l’Italie ne connaît pas comme chez nous la distinction de la licence et du doctorat : la laurea enveloppe tout et est tenue pour suffisante. Mais même en dehors des jeunes gens dont les familles veulent simplement occuper les premiers loisirs, le droit jette sur la jeunesse actuelle des filets qui vont grandissant : les statisticiens de Rome estiment que le développement du journalisme y est pour quelque chose. Beaucoup plus incontestable est l’action de la bureaucratie, qui, avec les doctrines et les habitudes interventionnistes d’aujourd’hui, multiplie les emplois et d’ailleurs les paye un peu mieux. Les avocats ne sont pas non plus sans trouver un aliment plus riche dans l’augmentation du nombre des procès et des litiges comme dans l’augmentation persistante du nombre des crimes. Les barreaux de nos voisins du Sud-Est n’ont pas, heureusement pour eux, cette mine profonde de procédures et de plaidoiries qu’on appelle le divorce. Ils se dédommagent avec les actes de violence.

L’essor des vocations scientifiques, avons-nous dit, n’est pas moins certain. Le progrès numérique est ici indéniable et il attire surtout l’attention par deux ou trois ordres de faits qui correspondent assez bien à toutes les tendances du jour. Le nombre des jeunes filles qui fréquentent les cours de mathématiques va toujours en augmentant : en 1911-1912, il formait le tiers des inscrits. Chez les jeunes gens, on signale surtout un grand empressement à embrasser la carrière d’ingénieur. Ce dernier mot d’ailleurs doit être pris dans sa plus large acception, car il couvre à peu près toutes les industries créées ou à