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être pendant longtemps la plus dévouée aux véritables arts libéraux, aux lettres, à l’histoire, à la philosophie.

Telle fut, dans ses grandes lignes, l’œuvre universitaire du moyen âge, y compris sa dernière période. Dans les temps plus modernes, la subdivision de l’Italie en petites monarchies et en principautés ou duchés provoqua de nouvelles créations. Le duché de Parme, le duché de Modène, eurent leurs universités comme le grand-duché de Toscane ; l’île de Sardaigne et la Sicile eurent aussi les leurs, et les anciens Etats Pontificaux également. Nous retrouvons toute la liste dans l’héritage que le royaume d’Italie recueille en 1870 : mais nous la retrouvons agrandie de l’Université laïque de Rome, puis de l’université de Florence qui, si elle n’est pas encore cataloguée sous ce titre, a consolidé et unifié de mieux en mieux les fragmens d’abord épars où s’essaya l’enseignement supérieur de la capitale toscane. Puis se fonda l’université de Pérouse.

Ainsi, dans la région tout à fait septentrionale, les universités de Turin, de Pavie-Milan et de Padoue.

Dans une bande horizontale un peu au-dessous, Gênes, Parme, Modène, Bologne et Macerata dans les Marches.

Dans la partie centrale : Pise, Sienne, Florence, Rome.

Au Sud, Naples.

Dans les îles, Cagliari et Sassari, en Sardaigne, et, en Sicile, Messine, Catane, Palerme, soit, en tout, si on se permet d’anticiper légèrement sur les destinées scolaires de Florence, dix-huit universités royales, auxquelles il faut ajouter les quatre universités libres, ou plutôt provinciales, de Camerino, de Ferrare, de Pérouse et d’Urbino.

Les dernières méritent une mention spéciale. Toutes les quatre avaient été fondées par les Etats de l’Eglise où l’on avait sans doute estimé que, vu le grand nombre des clercs et les difficultés des voyages d’alors, les universités de Bologne et de Rome ne suffisaient pas. Ces universités libres sont-elles donc des institutions religieuses tolérées par le pouvoir civil qui n’a pas voulu dépouiller complètement les Etats pontificaux et y laisser vivre de leur esprit propre des centres analogues à nos universités catholiques de Lille, de Paris, d’Angers ? En aucune façon. Ce sont des universités dont l’Etat a consacré la survivance par les décrets de 1860, 1861, 1862, mais qu’il laisse s’entretenir comme elles le peuvent. Elles ont les mêmes cadres,