Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 22.djvu/695

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus proche parente dans le cercle de famille planétaire. Or ceci est d’une haute importance pour la détermination d’une donnée qui est la base de toute l’astronomie de position : la distance du Soleil à la Terre.

Les distances relatives de toutes les planètes au Soleil sont en effet connues exactement par les lois de Kepler qui permettent de les déduire toutes, de l’une seule d’entre elles, par une simple règle de trois. En un mot nous savons construire un modèle exact du système solaire, mais l’échelle nous manque. Pour avoir celle-ci, pour connaître en valeur absolue, en kilomètres, toutes ces distances, il faut et il suffit d’en avoir déterminé une directement. Pour cela on observera l’une d’elles, Mars par exemple à un instant donné, de deux points de la Terre aussi éloignés que possible, et Mars se projettera respectivement en deux points du ciel étoile dont la distance angulaire fournira la parallaxe de Mars par rapport à la Terre et à la distance kilométrique des deux points d’observation.

Mais dans la comparaison qui nous a servi ci-dessus, nous avons vu que la distance des deux fleurs de la tapisserie sur lesquelles se projette notre doigt observé alternativement avec les deux yeux est d’autant plus grande que la distance du doigt à notre œil est plus petite. Si on mesure la distance de ces fleurs avec un double décimètre comportant une erreur d’une certaine fraction de millimètre, l’erreur relative sur la mesure de cette distance sera d’autant plus faible que celle-ci sera plus grande.

Pareillement l’erreur faite dans la détermination de la parallaxe et de la distance d’une planète à la Terre (d’où dérivent toutes les autres distances du système solaire) sera d’autant plus faible que la planète sera plus rapprochée de nous.

C’est ainsi que la découverte d’Éros a immédiatement donné l’espoir de connaître avec une précision non encore atteinte la distance du Soleil à la Terre. Cet espoir était d’autant plus fondé que la petitesse d’Éros et son faible éclat la rendaient comparable à un grand nombre d’étoiles et rendaient ainsi les mesures et comparaisons possibles beaucoup plus faciles et beaucoup plus nombreuses, donc beaucoup plus exactes.

Un homme éminent, M. Lœwy, directeur de l’Observatoire de Paris dont la mort a été pour notre grand établissement national une perte qui n’a, hélas ! pas été réparée, a pris l’initiative de proposer en 1900, au Comité International de la carte du ciel dont il était président, d’utiliser les instrumens de la carte pour cette étude d’Éros.