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ses auteurs. Mais chacun collabore de bon cœur à cette œuvre patriotique et désintéressée. Au surplus, il s’est presque créé des spécialités professionnelles : je sais, par exemple, tel haut fonctionnaire du Canal de Suez, vétéran du jury, qui « pousse sa colle » d’histoire ou de littérature française, avec le brio et l’expérience d’un vieux routier de Faculté. Bref, le baccalauréat français jouit là-bas d’une réputation méritée, égale à celle du diplôme métropolitain, et nettement supérieure à celle du baccalauréat égyptien, dont le niveau comparatif reste sensiblement moins élevé.

L’Enseignement supérieur est représenté, en Egypte, avant tout, par l’Ecole française de Droit du Caire. Si la Syrie est, avec la Faculté de Beyrouth, le centre oriental de notre science médicale, l’Egypte, avec notre École de Droit, est incontestablement celui de la culture juridique française. Cette école compte à peine vingt années d’existence ; mais les circonstances étaient exceptionnellement favorables à son succès : le droit français étant en vigueur en Egypte, les diplômes juridiques français y ouvrant officiellement l’accès du Barreau et des administrations judiciaires, comment, étant donné le prestige de notre pays et de notre science, une école gouvernementale, qui préparait à ces diplômes, n’aurait-elle pas réussi ? La valeur de ses maîtres aidant, il lui a, pour ainsi dire, suffi d’exister pour voir s’offrir et se développer sa clientèle. Celle-ci est aujourd’hui très considérable puisqu’elle n’est pas loin d’atteindre le chiffre de 400 étudians. Mais l’Ecole du Caire ne confère pas de grades : relevant du Ministère des Affaires étrangères, qui la subventionne, et non de l’Instruction publique, ayant pour professeurs des docteurs non agrégés, elle n’est pas une Faculté, mais une simple Ecole préparatoire. Ses élèves devaient donc, chaque année, venir en France subir leurs examens dans une Université. Lourde charge pour les familles, dont on a pu enfin diminuer le poids, depuis deux ans, avec l’agrément du gouvernement anglo-égyptien, en faisant venir au Caire, — à l’instar de ce qui se faisait à Beyrouth, — un jury de professeurs de Faculté, qui confère sur place les deux premiers diplômes de bachelier en droit, — les épreuves de la licence devant toujours être subies en France. C’est là, sans doute, un nouveau gage de développement pour notre École de Droit du Caire, — si toutefois d’autres dangers ne