vit une importante colonie de Français employés au Canal de Suez, et d’autres nombreux élémens bourgeois d’origine égyptienne, levantine ou européenne, qui ressentaient vivement l’absence de tout collège secondaire sérieux. C’est alors que, sur l’initiative de quelques hauts fonctionnaires de la Compagnie du Canal, au premier rang desquels il faut citer le docteur Pressat et M. König, fut constituée une Société française d’enseignement qui résolut de fonder un lycée. L’administration du Canal, désireuse de collaborer à cette œuvre française, fit l’avance de 220 000 francs pour la construction des bâtimens. Le lycée français est ainsi confortablement installé, au bord de la mer, dans un quartier neuf de la ville et il compte déjà, au bout de quatre ans d’existence, 160 élèves. Ce n’est qu’un début, et ce nombre ne peut que s’accroître, puisque les fondateurs, qui ont voulu procéder avec une extrême prudence, n’ont organisé d’abord que les basses classes auxquelles on ajoute chaque année l’échelon supérieur dont le recrutement est ainsi, d’avance, assuré et préparé.
A Alexandrie et au Caire, les lycées français procèdent d’une autre initiative. Ce sont des fondations de la Mission laïque, qui sont venues se constituer en concurrence avec les collèges de la Compagnie de Jésus. Tant à cause de l’opposition des principes qu’à raison de la rivalité escomptée entre les collèges et les lycées, il y a donc eu, dès le début, un antagonisme assez peu déguisé entre les deux espèces d’institutions. Mais cela n’a pas duré. Les lycées ont prospéré sans que les Jésuites aient perdu pour cela un seul élève. Il a donc bien fallu reconnaître qu’il y avait, pour un enseignement français laïque, une clientèle latente, et que, en l’attirant, les nouveaux lycées constituaient un nouveau et précieux élément d’influence française. La paix semble donc faite. A Alexandrie, surtout, où le succès du lycée, qui, en trois ans est arrivé à réunir près de 400 élèves, a été extraordinairement rapide, on est parvenu à un accord qui, parfois même, va presque jusqu’à l’alliance. Lorsque j’ai visité leurs établissemens, supérieur des Jésuites et proviseur du lycée, tous deux hommes d’une très grande distinction, se rendaient à l’envi justice. Ils parlaient l’un de l’autre, j’ai pu m’en assurer et ils ne m’en voudront pas de le proclamer, avec une égale estime. Et chacun rendait hommage au rôle légitime joué par l’établissement de son ci-devant présumé rival, avec