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séculaire et maintenu. Un carré d’une lieue le délimite, sans plus, entre la Marque à l’Ouest, entre deux ruisseaux parallèles, ses minuscules affluens, qui passent au Sud et au Nord vers Gysoing et le Marais de Baisieux, entre la région plus brouillée qui s’étend vers l’Est, à partir de la frontière actuelle de Belgique et de France.

Pourquoi Philippe-Auguste, arrivé le 26 juillet à Tournai, en même temps que les alliés à Mortagne, en repart-il dès le lendemain, à la première heure, en ordre et en arroi, mai§ avec une précipitation si marquée ? Pourquoi, au lendemain d’une démonstration aussi résolument offensive, cette subite et déconcertante contremarche ? Toute précision à cet égard peut sembler difficile.

Certains ont voulu voir dans cette décision l’application d’un plan de stratégie consommée, tendant à entraîner l’ennemi, par une reculade feinte, sur le plateau de Bouvines, choisi d’avance comme lieu d’action souhaitable et particulièrement propre aux mouvemens de l’excellente cavalerie française. Cette fantaisie ne repose sur rien de sérieux.

La vérité doit être tout autre. Comprenant qu’il n’était pas en force pour attaquer les alliés à Mortagne, ne pouvant réaliser le dessein pour lequel il s’était avancé sur Tournai, se jugeant dès lors mal exposé, dangereusement « en l’air » dans la position qu’il était venu occuper, le roi de France bat en retraite, avec la meilleure ordonnance, mais promptement. Il reprend en sens inverse sa route de la veille, la route, ce jourd’hui, qui du pont de Bouvines, parle lieu de l’Hôtellerie, aux abords de. Fretin, doit le mener rejoindre le chemin de Lille à Douai, celui par lequel on peut revenir à Péronne en assurant la couverture de Paris.


En tout cas, le dimanche 27 juillet, au petit jour, il évacue Tournai.

Par quelle voie opère-t-il sa marche ? Évidemment par la seule qu’il pouvait alors prendre, la vieille route romaine encore actuellement reconnaissable, qui franchit la frontière sur le1 terroir français de Camphin-en-Pevèle, au lieu de La Brouette, puis se dirige en plaine sur les limites de Cysoing, coupe ensuite le chemin de Cysoing à Baisieux, la ligne ferrée de Somain à Roubaix, et enfin, par le calvaire de la Chapelle-aux-Arbres,