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troisième thème des manœuvres que nous venons de commenter. Mais que fera-t-on, ou que fait-on en ce moment dans le Nord ? Voici, du moins, ce que porte le programme officiel, à ce sujet : « Du mercredi 1er au samedi 4 juillet : Il est constitué un groupe de dragueurs ainsi composé : « Damier, » « Lorientais, » deux chalutiers réquisitionnés. Ce groupe procédera à des exercices particuliers et participera aux manœuvres combinées sous la direction d’un officier… »

Voilà donc où nous en sommes : nous « constituons, » pour les manœuvres, seulement, un groupe de quatre dragueurs, dont deux sont des bateaux de pêche que l’on ne sera jamais sûr d’avoir au moment précis du besoin. Et il est visible que, jusqu’ici, on a peu fait pour donner une cohésion sérieuse à ces organismes embryonnaires et pour relier leur action tactique aux opérations de la force navale à laquelle ils seraient rattachés.

A côté de ces quatre dragueurs de petite taille et de bien faible rayon d’action sans doute, faut-il mettre, comme terme de comparaison, les deux divisions allemandes de bâtimens de cette catégorie, composées chacune de 10 torpilleurs de 150 à 180 tonneaux transformés ad hoc et dirigées par des divisionnaires, anciens avisos-torpilleurs, de 350 à 400 tonneaux[1] ?

Faut-il parler des six grands dragueurs anglais qui font partie intégrante de la première Home fleet, toujours prête à courir sus à l’ennemi ? Ce sont des navires de 800 tonnes, qui ont donné de 19 à 20 nœuds à leurs essais comme avisos-torpilleurs., Derrière eux se rangent six autres dragueurs, anciens chalutiers de 550 tonnes, ceux-là, mais qui appartiennent à la marine de l’Etat. Et dans les ports de la mer du Nord, l’amirauté s’est assuré le concours d’un certain nombre d’autres chalutiers qui dragueraient, le cas échéant, dans les limites de leur district.

Quelle différence ! Quel écart entre l’étranger et nous ! Inutile, du reste, de parler de l’organisation corrélative du service des mouilleurs de mines : nous y ferions des constatations

  1. La marine allemande, outre deux navires-écoles spécialisés, l’un pour les torpilles, l’autre pour les mines sous-marines (Rhein, à Cuxhaven), tous deux disposant de nombreuses annexes, tient toujours armée une division composée d’un croiseur cuirassé et de deux éclaireurs modernes, où fonctionne en permanence la commission d’études des engins sous-marins.
    Je tiens à dire ici que l’on peut du moins compter sur l’officier général qui commande notre force navale du Nord pour faire donner, aux faibles moyens dont il dispose, tout le rendement dont ils sont susceptibles.