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manœuvres, plus nettement militaire que ne le laisserait supposer le curieux passage de lettre cité tout à l’heure. Voici d’ailleurs un correspondant, parfaitement placé pour bien voir, qui va nous renseigner d’une manière aussi complète que précise sur ce qu’ont pu faire nos aviateurs :

« On disposait, au début des manœuvres (14 mai), de 14 hydravions et de 13 pilotes, ainsi répartis :

« À Toulon : 8 hydravions et 7 pilotes, avec 3 hangars démontables ;

« À Bizerte : 4 hydravions (monoplans Nieuport et 4 pilotes ;

« À bord de la Foudre : 2 hydravions et 2 pilotes.

« Pour l’exécution du premier thème les avions de la Foudre, rattachée au parti A, entrèrent seuls en action. Encore la rencontre prématurée du gros du parti B ne permit-elle pas à ces deux appareils d’exécuter la reconnaissance qui leur était prescrite. Du moins, pendant l’engagement tactique entre A et B, les avions survolèrent les combattans et firent d’intéressantes observations. Eussent-ils pu incommoder d’une manière directe et immédiate les cuirassés ennemis ? Sans doute, mais à la condition d’être sensiblement plus grands, et plus forts. Et alors on se demande si le « dirigeable » ne vaudrait pas mieux, étant, lui, fort capable de porter un nombre appréciable de projectiles suffisamment puissans.

« Dans la deuxième phase des opérations, la Foudre resta au mouillage de la baie Ponty (Bizerte) pour organiser les reconnaissances des abords de la place par des patrouilles de deux avions régulièrement espacées. Les appareils de Bizerte et ceux de la Foudre même exécutèrent ainsi cinq sorties poussées jusqu’à 30 milles. Le temps étant « bouché, » les observateurs n’aperçurent pas les cuirassés bloqueurs qui se tenaient, on l’a vu plus haut, à une soixantaine de milles de la place et ils ne purent signaler que des torpilleurs et des sous-marins (ceci est intéressant) qui surveillaient l’escadre bloquée en se tenant à quelques milles des issues du port. »

« Il faut remarquer que la constatation que le gros du parti bloqueur était au moins à 50 milles de Bizerte permit au chef du parti bloqué (B1) de tenter avec succès la sortie qui aboutit à sa jonction avec B2. Il n’est pas discutable que, dans le cas de blocus à grande distance, — et il n’y en aura guère d’autre, — *— d’un port contenant une force navale organisée par une