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réalisation des conditions que nous posions tout à l’heure avant d’avoir créé des submersibles de 30 nœuds de vitesse en surface et de 2 000 tonneaux de déplacement. On y arrivera ; et en tout cas cela n’est pas pour effrayer des hommes de haute valeur et de haute compétence, comme l’amiral anglais Percy Scott, le promoteur des méthodes actuelles de tir de la grosse artillerie navale, dont le Times a publié récemment une interview proclamant la très prochaine déchéance du cuirassé devant le sous-marin, du canon devant la torpille et la mine sous-marine.


Sans aller jusque-là, — pour l’instant, — il faut bien reconnaître qu’au moment même où sa puissance offensive et défensive, en ce qui touche les engins de la guerre « en surface, » devient colossale, ainsi, malheureusement, que sa taille, son déplacement et son prix de revient, le cuirassé d’escadre reste désarmé contre les petites unités qui mèneront la guerre sous-marine et singulièrement vulnérable aux armes qui visent ses œuvres vives, sa coque plongée. Portons-nous, en France, une suffisante attention à une question si importante, si grave ?… Je crains que non. En tout cas il ne semble pas que l’on se soit beaucoup préoccupé, au cours des manœuvres navales, d’étudier les complexes problèmes qui se posent à l’esprit quand on envisage les modalités si variées de l’action des nouvelles armes. A-t-on, seulement une fois, tiré des torpilles du type le plus récent, à 3 000 ou 4 000 mètres (en attendant mieux), non pas sur un bâtiment de ligne mais sur un groupe de bâtimens, comme on le propose depuis longtemps ? S’est-on suffisamment servi des mouilleurs de mines automatiques, et, d’ailleurs, avons-nous enfin un modèle bien compris de ce genre d’engin ? J’entends bien que l’on peut dire que ni les thèmes choisis (il y avait cependant des blocus), ni surtout les caractères hydrographiques des mers et des rivages ne se prêtaient à ce genre d’expériences pratiques. Soit. Il faudra cependant les entreprendre avec méthode, avec une tenace volonté d’aboutir et de n’être point, là encore, en retard sur certains de nos voisins, alors que nous n’eussions jamais dû perdre l’avance que nous avions de ce côté.


En fait d’engins nouveaux, comment ne pas parler des avions à flotteurs, les « hydravions ? » On pense bien, en effet, que leur rôle fut, au moins dans les deux premières phases des