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triompha. Aujourd’hui, c’est Newman qui triomphe. Il n’est que d’attendre, mais il ne faut pas mourir trop tôt. Newman n’assista pas à sa revanche, et pas davantage Manning à sa défaite. Tous deux étaient morts quand Léon XIII, sans revenir sur les interdictions de Pie IX, les laissa tomber en fait. Aujourd’hui, les jeunes catholiques, en faveur desquels le Grand Conseil de l’Université a, de son côté, fait tomber très libéralement certaines barrières surannées, fréquentent l’Université sans ombrage de la part de leurs évêques. Je n’ai pu savoir le nombre de ces nouveaux étudians catholiques.

Un dernier pas restait cependant à franchir : c’était de faciliter la fréquentation de l’Université aux jeunes filles catholiques que leurs familles voudraient y envoyer, de les y attirer même. Ce pas a été récemment franchi. En 1907, un couvent a été fondé, auquel a été donné le nom de couvent de Sainte Frideswide en souvenir de la fille d’un « roi d’Oxford » qui aurait fait, au VIIIe siècle, construire un monastère sur un terrain donné par son père. Cette fondation a eu lieu avec l’approbation des archevêques de Westminster, — Manning a dû en tressaillir dans sa tombe, — de Birmingham, de Liverpool et de leurs suffragans, donc de tout l’épiscopat anglais. Le but est de faciliter aux étudiantes religieuses ou séculières la fréquentation de l’Université. Le couvent est tenu par la Congrégation du Saint Enfant Jésus. Il est installé dans l’ancienne maison du célèbre historien Froude, l’auteur de la Vie de la reine Elisabeth. A cette maison modeste il a fallu ajouter un assez grand bâtiment. C’est à ce couvent que je me suis rendu. A l’entrée, je me suis croisé avec une jeune fille qui sortait à bicyclette, avec une raquette de tennis sous le bras.

J’ai été reçu avec beaucoup de bonne grâce par une supérieure qui m’a tendu la main, à l’anglaise. Nous avons assez longuement causé. Elle m’a expliqué que son couvent était reconnu par les autorités universitaires comme lodging pour les étudiantes qui fréquentent l’Université. Sa communauté avait plusieurs maisons en France. Elle en a été renvoyée. Ainsi, tandis qu’en Angleterre on reconnaît les couvens, on les ferme en France. La supérieure est très satisfaite du résultat de cette tentative. Le couvent pourrait recevoir vingt pensionnaires dans des petites chambrettes très confortables qui m’ont été montrées. Elle en contient en ce moment onze ; ce nombre