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tenus de venir à la prière du matin mais où leur absence habituelle serait certainement remarquée ; dans le Hall, à la Bodleïan Library, ou encore quand ils vont faire certaines visites officielles. Mais l’obligation subsiste pour les sorties du soir qui sont réglées de la façon suivante : à partir de neuf heures dix, les portes des collèges sont généralement closes ; aucun élève ne peut plus sortir et, dans certains collèges, ceux qui sont sortis doivent être rentrés sous peine de payer une légère amende. Pour rentrer après minuit, il faut une permission spéciale. Celui qui ne rentrerait pas du tout s’exposerait à des pénalités très graves qui pourraient aller jusqu’à l’exclusion de l’Université.

Un des proctors, avec qui j’avais causé la veille, m’avait confié au reste la difficulté qu’il éprouvait à surveiller les jeunes gens, depuis l’introduction des motor-car et des motocyclettes. Sans doute, une autorisation est nécessaire pour avoir le droit de posséder un de ces véhicules, mais comment refuser cette autorisation, et, l’autorisation obtenue, comment savoir l’usage qui en est fait ? Comment savoir si aux environs d’Oxford les Undergraduâtes ne sont pas aux courses où s’ils ne se montrent pas dans des tavernes, ce qui leur est défendu ? Le proctor m’a paru découragé, et je le comprends. Bien que ce système de la liberté surveillée, avec, comme sanction, des amendes, et comme sanction suprême la radiation des registres de l’Université, paraisse assez rationnel, il ne doit pas être d’une mise en pratique facile.

Il est un point dont j’ai oublié de m’enquérir. Au point de vue municipal, la ville d’Oxford vit sous un régime particulier. Dans le conseil qui l’administre, l’Université compte un certain nombre de représentans, les uns membres de droit, les autres élus. Mais, autrefois, le Conseil de l’Université avait certains pouvoirs spéciaux, entre autres celui d’expulser de la ville les femmes suspectes. Ce droit a-t-il été conservé ? L’exercice n’en est-il pas rendu difficile par certains changemens dans la composition universitaire, que je dirai tout à l’heure ? Cela aurait été curieux à savoir, je n’ai pas pensé à m’en enquérir.

Sur deux points, les mœurs des étudians me paraissent être demeurées les mêmes ; le goût des sports, et celui des débats politiques. Il serait singulier qu’au moment où la jeunesse française se précipite dans les sports avec une ardeur qui excite beaucoup d’espérances et qui parait aux optimistes d’un heureux