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peu archaïque. Quelques adresses d’Universités étrangères sont remises sans être lues et la cérémonie officielle est terminée.

Une heure après, on se retrouve pour le lunch à Merton College. Ce collège a été choisi comme étant le plus ancien d’Oxford. La chapelle date de 1294, mais les statuts qui ont servi de modèle à la plupart des autres collèges datent de 1204. Je voudrais pouvoir dire que le Hall où nous nous rassemblons et dont les murailles sinon les boiseries sont très anciennes, a vu l’illustre moine dont on célèbre la mémoire venir s’asseoir à une table frugale autour de laquelle les moines se seraient rassemblés. Il n’en est rien : Roger Bacon demeurait au couvent aujourd’hui démoli des Franciscains et l’on n’a même pas conservé la tour où, suivant une tradition incertaine, il se livrait à ses observations astronomiques. Je ne cherche donc pas à évoquer son ombre durant le repas et je me livre au plaisir de la conversation avec mon voisin de table, le président de l’Université Américaine de Columbia, dont le costume, de soie noire, avec des paremens de velours violet, est, je ne puis m’empêcher de le remarquer, beaucoup plus somptueux que ceux des professeurs d’Oxford. Je prends ainsi patience en attendant l’heure des toasts.

Il y en a beaucoup, dont un porté avec bonne grâce par lord Curzon lui-même, aux délégués étrangers. Fort heureusement je ne suis pas seul à représenter la France. L’Université de Paris avait délégué M. Picavet, professeur à la Sorbonne, bien connu par ses travaux sur la philosophie du moyen âge et en particulier sur Roger Bacon. Aussi a-t-il pu répondre en donnant lecture d’une érudite adresse, qui aurait aussi bien pu être débitée lors de l’inauguration de la statue et qui figurera avec honneur dans la publication que le Comité prépare. Son heureuse intervention m’a permis de m’en tenir à quelques paroles improvisées, d’une extrême banalité, et dont il ne vaut pas la peine de parler.

Une réponse plus originale a été faite par un délégué du Vatican et un moine franciscain. Le délégué du Vatican était le bibliothécaire des Archives Vaticanes, qui ont été si libéralement, comme on sait, ouvertes par Léon XIII aux érudits et aux historiens. En fort bons termes, il a assuré les membres du Comité, qui se propose en outre de publier les œuvres complètes de Roger Bacon, de l’intérêt que le Saint-Siège portait à