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(en Irlande et en Danemark), une imprimerie à Manchester (où elle imprime son journal le Wheatsheaf). Pour les achats en gros à l’étranger, elle a de nombreux comptoirs, un à Rouen, cinq en Danemark, un en Suède, puis à Sidney, à New-York, à Montréal, etc. Elle a quatre bateaux à vapeur, et deux services de navigation entre Rouen et l’Angleterre ; elle a une maison de convalescence à bon marché pour les coopérateurs inscrits aux sociétés affiliées. — De la Wholesale écossaise, qui, un peu moins puissante que sa sœur anglaise, est pourtant fort prospère aussi, tout ce que nous pourrions dire ne serait guère qu’une répétition de ce qui précède. A elles deux, ces sociétés, qui ne sont pas rivales, mais alliées, exercent sur le commerce britannique une influence considérable ; leur puissance peut être rapprochée de celle des grands Trusts américains[1] : en face des grands syndicats industriels ou commerciaux s’élève la Fédération coopérative, en face des trusts capitalistes le syndicat des consommateurs. L’opposition, la lutte, ne s’est encore manifestée que sur de rares points de contact ; ces germes d’hostilité ne se développeront-ils pas un jour en de graves conflits ? Cela est possible, et l’avenir le dira.

A côté des Wholesales, voici enfin la Cooperative Union, avec une constitution et un but tout différens. Elle ne s’occupe pas de l’action industrielle ou commerciale, elle se contente d’exercer sur l’ensemble du mouvement coopératif anglais une influence, une direction à la fois morale, juridique et éducatrice : elle est la tutrice de l’œuvre. Son « bureau central, » siégeant à Manchester, comprend 13 membres représentant les huit « bureaux de section » entre lesquels est réparti tout le territoire de la Grande-Bretagne et auxquels est réservée la surveillance régionale ; ces bureaux de section sont eux-mêmes une émanation des « bureaux de district » (70 en tout) dont les membres sont élus par les sociétés coopératives du district et qui exercent l’action et le contrôle locaux : bien que compliquée, cette organisation fonctionne d’une manière satisfaisante. Les ressources de l’Union se composent des cotisations versées par les sociétés adhérentes à raison de 2 pence par membre individuel ; les quatre cinquièmes des coopérateurs anglais sont affiliés à l’Union. Par l’intermédiaire des comités locaux et

  1. Voyez notre article sur Les Monopoles industriels aux Etats-Unis dans la Revue du 1er février 1897.