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adversaire traditionnel. Il y a dix ans, la Triple Entente aurait paru aux politiciens les plus éminens comme une fantaisie impossible et grotesque. Donc, si l’Europe est en paix depuis quarante-trois ans, ceci n’est pas dû seulement à l’Allemagne.

« Mais la situation politique dans les Balkans est toujours malsaine ; l’avenir de la monarchie austro-hongroise est l’objet d’un souci croissant et cruel ; enfin l’Allemagne est préoccupée d’assurer à son industrie des marchés, car il existe une disproportion de plus en plus inquiétante entre les besoins d’expansion d’une population qui augmente sans cesse, et les domaines de plus en plus limités réservés à cette expansion.

« Tous ces problèmes, on ne pourra pas les résoudre rien qu’avec l’amour de la paix. »

Pour démontrer que les craintes exprimées par cet article n’étaient point vaines, le Berliner Lokal Anzeiger reconnaissait que le peuple allemand avait conscience de sa force et ne se contenterait pas de jouer un rôle secondaire dans la concurrence internationale ni dans les grandes affaires politiques. Et la Post, de son côté, disait à ce sujet :

« Le peuple allemand réclame sa place au soleil. C’est son droit. Il est exact que les classes cultivées ressentent un déplaisir croissant à voir le peu d’activité du gouvernement allemand. Si vraiment l’Allemagne désire la guerre, comme paraît le croire le diplomate étranger, il y a un moyen bien simple d’éloigner ce péril. Que la Triple Entente tienne compte de nos vœux mondiaux les plus pressans et qu’elle ne mette plus d’obstacles à l’expansion de nos colonies.

« Ce désir d’accroissement a grandi chez le peuple allemand avec une force si élémentaire que le barrage opposé à nous par la Triple Entente devient impossible à la longue.

« Si l’on refuse à notre poussée nécessaire la possibilité de se faire jour, on nous forcera infailliblement à tirer le glaive, et alors, malheur aux vaincus ! »

Donc, la Russie avait raison de nous rappeler nos devoirs, c’est-à-dire de renforcer notre armée et de la mettre toujours en état de faire grande figure, au moment où les nécessités pourraient l’exiger.

C’est sur cette armée que les Souvenirs de M. de Freycinet donnent le dernier mot. « J’emportais, dit-il, dans ma retraite, un vif sentiment de confiance. Je venais d’étudier cette armée