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l’Impératrice, ajoute-t-il, qu’à se retirer à l’Elysée. Je prendrai les mesures nécessaires à sa sûreté. »

Rentré au Louvre, il ordonne à ses officiers de se réunir autour de lui, chevaux sellés, et il attend. Nul ordre, nul avis ne vient. La Motterouge, chef de la garde nationale, attendait aussi, en permanence à l’état-major de la place Vendôme depuis six heures. Ne recevant rien, il se contente d’envoyer au Corps législatif les deux bataillons qui normalement étaient destinés à ce service (15e et 18e) (10 h. 30).

Le général Soumain n’est pas appelé non plus. Palikao lui écrit seulement que les dispositions prises la veille ne seraient pas suffisantes pour la protection du Corps législatif, et qu’il fallait augmenter le nombre des troupes. Aucune indication, du reste, sur la nature du mouvement qu’on redoutait. Soumain avait envoyé la veille un bataillon sous les ordres d’un colonel ; il croit faire assez en envoyant sous les ordres du général de Caussade deux bataillons d’infanterie, deux bataillons de gendarmes à pied et trois à quatre escadrons de gendarmes à cheval. Il établit de plus deux bataillons en réserve à la caserne des Invalides, un à la caserne Napoléon, et consigne les troupes dans toutes les casernes, faisceaux formés, sacs au côté.

Cent douaniers et la compagnie de gendarmerie de la rue de Tournon furent préposés à la défense du Sénat, et les troupes de la Garde à celle des Tuileries. Pietri, le préfet de police, choisit huit cents de ses agens les plus braves, dirigés par quatre commissaires de police éprouvés et, faisant un appel chaleureux à leur dévouement, les chargea de seconder les troupes. Des gardes de Paris à pied et à cheval et deux cents inspecteurs divisionnaires leur furent encore adjoints[1].

C’était la possibilité d’entourer le Corps législatif et les Tuileries d’au moins 10 000 hommes sûrs. On se contenta pour le Corps législatif de 2 500 hommes et, pour les Tuileries, de 1 000 agens de police et d’hommes de la Garde. Néanmoins, ces troupes étaient plus que suffisantes à repousser toute attaque, pourvu qu’elles fussent mises sous des chefs ayant de l’autorité et prêts à assumer les responsabilités. Tel était le général

  1. Soumaia : Déposition dans l’enquête parlementaire. Palikao prétend qu’il se rendit de sa personne auprès de Soumain. Le général De Malroy, alors chef d’état-major du 8e corps qui était réuni à la 1re division, dans le procès du Figaro, parle enfin comme Soumain d’une lettre écrite de celui-ci,