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Delescluze et de Blanqui ? Ils l’ont avoué. Les scrupules honnêtes de citoyens respectueux de la loi et du Droit comptaient pour si peu dans leur modération, qu’ils s’en sont affranchis dès qu’ils l’ont pu avec sécurité. Ils se targuent d’avoir barré le passage à la Commune ; mais, sans eux, elle n’aurait pas eu un peu plus tard le moyen de le forcer. « Quelque dangereux, a dit Guizot, que soit le travail des démolisseurs des Etats par les conspirations et insurrections populaires, s’ils ne rencontraient pas d’appui dans d’autres régions sociales et au sein des pouvoirs publics, ils auraient peu de chances de succès. Il faut qu’il y ait des mains tendues d’en haut à ceux qui s’agitent en bas. » Si les hommes du 4 septembre ne s’étaient pas servis contre l’Empire du concours des hommes de la Commune, s’ils n’avaient pas poursuivi contre le gouvernement national la révolution par la Chambre, ils ne se seraient pas exposés aux dangers de la révolution par la rue. Ils ont circonscrit l’incendie : le devoir était de ne pas l’allumer !


O Français de l’avenir ! quand, revenant sur les apothéoses imméritées, vous dresserez sur les places publiques de vos cités, débarrassées des statues usurpatrices et immorales, le véritable Panthéon de pierre, de marbre, de bronze, destiné à l’éducation du peuple, élevez, à côté des statues de la Patrie, les statues de Lazare Carnot et du général Changarnier, c’est-à-dire de ceux qui, aux jours du péril suprême, oubliant leurs rancunes et leurs ambitions, ne se sont rappelé que la détresse de cette Patrie et ont apporté toute leur aide, toutes leurs forces au chef malheureux qui luttait pour elle et qui, malgré tout, était encore le seul en mesure de la sauver.


EMILE OLLIVIER.