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nuance anti-révolutionnaire et, du coup, redevint impérialiste.

Grévy avait trop présumé des scrupules parlementaires de ses amis. Ce ne fut pas sans étonnement qu’il, entendit ces partisans à outrance des permanences, ceux qui devaient leur fortune à leur guerre au pouvoir personnel, lui déclarer qu’ils étaient résolus à ne tenir aucun compte de l’assemblée. Ils ne lui laissèrent pas ignorer que sa démarche ne pouvait donner aucun résultat : elle ressemblait à toutes les mesures que l’on prend lorsqu’on a manqué l’occasion et qu’on est éclairé par le fait accompli. Ils rappelèrent qu’ils avaient, pendant un mois, supplié la Chambre de prendre le pouvoir pour éviter une révolution ; elle s’en avisait quand la révolution était faite, et faite contre elle aussi bien que contre l’Empire ; c’était trop tard. D’ailleurs, plusieurs collègues étaient absens ; ou viendrait à huit heures apporter une réponse.


XXVII

La prise de possession des services publics ne rencontra aucune opposition. En arrivant à la place Beauvau, Gambetta trouva un employé supérieur fort empressé à l’introduire au cabinet du ministre. Il s’installa au bureau et prit possession, par une dépêche qu’il signa comme ministre de l’Intérieur. Il télégraphia aux préfets : « La déchéance a été prononcée au Corps législatif. La République a été proclamée à l’Hôtel de Ville. Un gouvernement de Défense nationale, composé de onze membres, tous députés de Paris, a été constitué et ratifié par l’acclamation populaire. Les noms sont : MM. ARAGO (Emmanuel). — CREMIEUX. — FAVRE (Jules). — FERRY. — GAMBETTA. — GARNIER-PAGES. — GLATS-BIZOIN. — PEFFETAN. — PICARD. — ROCHEFORT. — SIMON (Jules). — Le général Trochu est à la fois maintenu dans ses pouvoirs de gouverneur de Paris et nommé ministre de la Guerre en remplacement du général Palikao. Veuillez faire afficher immédiatement et au besoin proclamer par crieur public la présente déclaration. Pour le gouvernement de Défense nationale, — Le ministre de l’Intérieur — LEON GAMBETTA. : — Paris, ce 4 septembre 1870, six heures du soir.

Léon Chevreau le trouva achevant cet acte d’autorité, lorsque, n’ayant pu rejoindre l’Impératrice, il vint demander la