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occidentale, même s’ils sont mariés et chargés de famille, doivent se contenter de deux, parfois d’une seule pièce. Des ménages sont contraints de voisiner avec des célibataires, d’une façon tellement complète qu’elle en devient tout à fait pénible. Les installations congolaises sont plus rudimentaires encore.

On s’attaquerait aussi, sans doute, au terrible fléau de l’alcoolisme, contre lequel les colonies de Madagascar, de la Côte d’Ivoire et le protectorat du Maroc ont déjà commencé une campagne au seul profit de leurs indigènes[1].

L’alcoolisme qui contribue à détruire les habitans de Tahiti et des Marquises, les tribus du Gabon et les Serères du Sénégal, produit cependant aussi chez nos nationaux, surtout parmi nos troupiers, des ravages effroyables. On peut affirmer qu’une large part de la mortalité des coloniaux lui revient sans conteste.

Que de choses à dire encore sur ce sujet si vaste !

Une des principales est de répéter qu’on ne perde plus de temps, car il est indispensable pour nous d’entreprendre avec méthode et de mener promptement à bien la conquête sanitaire de nos colonies, à peine commencée encore aujourd’hui.

Il faudra, pour cette œuvre grandiose, de l’argent, mais nous sommes très riches, des hommes de talent et de conscience aussi, mais on n’en a jamais manqué chez nous.


Dr D’ANFREVILLE DE LA SALLE.

  1. Le général Lyautey, par un dahir du 8 avril 1914, a interdit l’entrée, la fabrication et la vente de l’absinthe dans tout le Maroc. Il a pris également de sévères mesures en vue de limiter le nombre des débits de boissons.