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LA CONQUÊTE SANITAIRE
DE
NOS COLONIES

Il est presque fastidieux de répéter que la France se dépeuple. Nous devrions donc multiplier d’autant plus les efforts pour diminuer notre mortalité que nous voulons moins prendre de peine pour augmenter le chiffre de notre natalité[1].

Or, la France devenait une puissance coloniale de premier ordre au moment où le nombre de ses naissances diminuait dans des proportions inusitées, même chez elle[2]. Un parti très puissant s’opposait à cette évolution de notre pays, en s’appuyant surtout sur le fait que la stagnation de la population nous interdisait toute ambition exotique. Il ne fut pas tenu compte de cet argument et la France s’intéresse chaque jour davantage à son empire colonial. Le nombre de nos nationaux dont la fortune ou les moyens d’existence dépendent de nos colonies s’accroît également avec une grande rapidité.

Nos compatriotes fixés aux colonies forment, dès maintenant, une importante partie de notre population. Les statistiques nous révèlent qu’ils sont quatre-vingt-dix mille, presque tous dans la force de l’âge. Si l’on veut additionner à ce chiffre tous les

  1. Nous avons perdu l’an passé 19 habitans sur 1 000, le Danemark 12,9, la Norvège 13,4, l’Angleterre 13,9, la Belgique 15 et l’Allemagne 16,2. Ces chiffres démontrent dans quelle erreur vivent ceux qui croient notre hygiène publique supérieure à celle des autres peuples.
  2. Elles atteignaient encore en 1880 le chiffre de 25 pour 1 000, elles n’étaient plus en 1912 que de 18,7 pour 1 000.