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receveuse à 180 francs par an ; en 1850, il eut deux facteurs ; maintenant, il en a sept et il en demande deux de plus, « indispensables, » dit-il (1910). Il reçoit de différentes directions quatre courriers par jour et émet environ 2 000 mandats. Plus tôt ou plus tard, suivant les régions, l’ancien porteur à 100 francs par an, payé parfois en nature par un poids convenu de blé, fut remplacé par une administration plus perfectionnée ; mais partout, une fois éveillé, le besoin de communications grandit à mesure qu’il était satisfait.


VI

Ces communications allaient être accélérées au XIXe siècle par la vapeur et l’électricité ; le XVIIIe siècle, en ses dernières années, vit seulement la naissance du télégraphe aérien. On avait eu l’idée, lors de l’élection de l’Empereur en 1742, de placer des canons de deux en deux lieues de Francfort à Paris, « ce qui aurait fait connaître la nouvelle en cinq heures ; » mais le transport des canons aurait, parait-il, coûté 34 000 francs. Les pigeons voyageurs étaient pourtant connus, à cette époque, et employés en Orient par les capitaines de navires qui, en arrivant à Alexandrette, leur confiaient des missives pour les négocians d’Alep ; l’on en lâchait aussi de Bassora pour Bagdad, éloigné de plus de cent lieues.

La première expérience d’une petite ligne télégraphique fut faite dans le Jardin du Luxembourg (1690), sous le patronage du Dauphin et de sa maîtresse, la grosse Mlle Choin, très enthousiaste de cette idée, bien que l’histoire ne lui prête pas d’ordinaire un grand mouvement dans l’esprit. L’invention était due à Amontons, de l’Académie des Sciences, qui trouva, dit Fontenelle, le moyen de faire parvenir une nouvelle en trois ou quatre heures aussi loin que de Paris à Rome, sans qu’elle fut sue dans tout l’espace compris entre les deux villes. « Cette proposition si paradoxale et si chimérique en apparence fut exécutée sur une petite étendue de pays ; » des gens disposés en plusieurs postes consécutifs, munis de longues-vues, apercevant les signaux, se les transmettaient les uns aux autres jusqu’au dernier en aussi peu de temps qu’il fallait au premier poste pour faire les signaux au deuxième.

Manquait-il à cette découverte quelque détail qui la rendit