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LE MÉDECIN DE CAMPAGNE

FRAGMENS INÉDITS

Ces épaves d’un des livres les plus remarquables du grand romancier consistent en une préface et une version complètement différente de la confession faite par le docteur Bénassis au commandant Génestas.

Voici l’origine de ces morceaux inconnus, qui, tous deux, sont des plus intéressans.

S’il faut en croire Champfleury[1], c’est après avoir lu une biographie de Jean-Frédéric Oberlin, un Suisse mort en 1826, que Balzac prit le parti d’écrire le Médecin de Campagne. Pendant un certain laps de temps, il projeta de publier cette œuvre, sous le voile de l’anonyme le plus impénétrable. À ce moment, il ne voulait même pas la livrer à la publicité signée d’un pseudonyme, car, tôt ou tard, pensait-il, tous les noms ainsi dissimulés finissent invariablement par être connus. Toutefois, s’il avait réalisé cette première intention, l’auteur eût alors fait connaître dans un avant-propos les raisons qu’il prétendait avoir de garder l’incognito. Ce sont ces lignes explicatives que nous avons retrouvées. Elles existent, imprimées, en tête du tome premier des épreuves de l’ouvrage, conservées soigneusement par le maître lui-même, et portent ces mots écrits de sa propre main : « Décidément, je supprime cette Note. »

  1. Voyez son article sur la pièce de George Sand : François le Champi, publié dans le Messager des Théâtres et des Arts, du 27 janvier 1850.