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Ces considérations ont pour but de nous montrer que la France était capable de faire de l’architecture grecque. Cette architecture, nous avons indiqué déjà pourquoi elle voulait y revenir, et nous avons insisté sur ce fait que l’affaiblissement du sentiment chrétien en était la raison la plus sérieuse. Le désir de s’affranchir des liens du christianisme, vague à ses débuts, prend de plus en plus corps au XVIIIe siècle, pour devenir bientôt un des traits essentiels de la Révolution. C’est ainsi que le néoclassicisme débute sous Louis XIV avec Perrault et se développe sous Louis XV avec Servandoni, Gabriel et Soufflot, pour s’affirmer triomphant avec les architectes de la Révolution.

Le style architectural créé par le XVIIe et le XVIIIe siècle était, en somme, peu différent de celui que désiraient les hommes de l’âge nouveau. Aussi ne fut-il pas très profondément modifié. Ce qui distingue l’art de la Révolution de celui qui le précède, c’est d’abord un pas de plus vers l’imitation de l’art grec, avec la volonté de faire disparaître tout ce qui aurait pu rappeler les formes de l’architecture chrétienne ; et c’est aussi la proscription de toute ornementation, de tout ce luxe qui semblait être le symbole de l’Ancien Régime : la sévérité, la force remplacent l’élégance et la richesse.

Si l’on considère l’église Sainte-Geneviève, aujourd’hui le Panthéon, comme étant le testament artistique de la monarchie, on doit tenir l’Ecole de Médecine de Gondoin (1765) comme le point de départ de l’art nouveau. Le Panthéon, c’était une œuvre éclatante, splendide comme du Palladio ; l’Ecole de Médecine, c’est le Temple noble et grave de la pensée humaine. Elle s’ouvre par un péristyle formé de quatre rangées de colonnes, laissant entrevoir au fond de la cour, comme entrée principale, un portique surmonté d’un fronton. Et l’on a l’impression que des édifices nouveaux, les Temples de la Science, vont succéder aux Eglises chrétiennes. L’Ecole de Médecine est comme le pendant de ce grand monument de l’Encyclopédie qui allait devenir la Bible des temps modernes. Comme caractère particulier de cette Ecole de Médecine, il faut noter l’apparition du dorique, le plus puissant et le plus sévère des ordres grecs, qui se substitue au style un peu mièvre de l’ionique et au style trop riche du corinthien. Le dorique sera la signature de tous les monumens de cette époque.

Pour aider à comprendre cet art, je ne sais pas de