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deux exagérées, il reste incontestable qu’ils ont peu contribué à la grandeur du pays et au bien du peuple. Le Mexique a perdu la moitié de son étendue première et fut forcé de céder aux Etats-Unis toute sa partie septentrionale. Jamais son peuple n’a été plus pauvre que depuis le début de la guerre civile.

L’incendie une fois allumé ne s’éteignit plus. Sous le drapeau de Hidalgo ou d’Iturbide, de Santa Anna ou de Benito Juarez, le pays entier fut en flammes. Ni l’intervention des Etats-Unis, ni l’expédition française, ne purent ramener l’ordre dans le peuple soulevé. Pendant la courte domination de l’empereur Iturbido et celle de Maximilien Ier, des troubles continuels régnèrent, jusqu’à leur fin tragique. Diaz lui-même, qui avait cru avoir rétabli l’ordre et la paix pour toujours, fut finalement chassé par les révoltés. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui la révolution dure encore sous différons chefs.

Une grande place, centre de cette ville mexicaine, forme comme le foyer de Querctaro. Là, s’élève l’hôtel de ville, un des plus anciens bâtimens de l’endroit. Sa cour est une belle imitation du patio espagnol, d’un style sévère, mais noble. C’est un modèle parfait de l’architecture coloniale. Tout près, un autre palais, plus richement exécuté avec ses décorations de faïence, rappelle les plus beaux monumens de l’Andalousie.

La place de la Independencia elle-même est un ravissant jardin. Au centre, un magnifique jet d’eau s’élève devant la statue du vice-roi d’Aquila, qui fit construire des aqueducs à ses propres frais. Les bordures de fleurs autour des bassins, les plates-bandes aux tons variés, font de cette place un parterre embaumé. Elle est une preuve de l’habileté des jardiniers indiens, et mérite les plus hautes louanges. Dans tout le pays, les jardins sont merveilleusement cultivés. Cet art particulier semble chez ce peuple se transmettre de père en fils.

Parmi les nombreuses églises et les monumens religieux, le couvent de Santa Rosa est réputé le plus célèbre. C’est l’œuvre du Bernin mexicain, Eduardo de Tresguerras. Né en 1765, mort à Celaya en 1833, on peut le considérer comme le plus grand architecte du pays. Dès sa jeunesse, il donna libre cours à sa fantaisie. Il serait intéressant d’étudier le développement, puis la décadence, des différens styles, suivant les latitudes. C’est ainsi que, lorsque le baroque introduit en Espagne par Churriguerra semble avoir atteint les limites de l’ornementation et l’excès de