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SOUVENIRS DE MEXIQUE


I. — PREMIÈRES IMPRESSIONS

Le Mexique est une fois de plus en révolte. Sur ce sol de constantes éruptions volcaniques et de continuelles révolutions, l’effervescence augmente. Aussi le regard du monde entier se tourne-t-il avec anxiété vers ces lointains parages et on se demande, non sans angoisse, quand prendront fin ces sanguinaires massacres et quelle sera l’issue, de ces troubles.

Si inquiétante que soit la situation actuelle, elle n’est pourtant nullement surprenante pour tous ceux qui ont quelque notion de ce pays. Il suffit d’en feuilleter rapidement l’histoire pour se rendre compte qu’à la première révolution, en 1810, le brasier de la révolte s’est allumé pour ne plus jamais complètement s’éteindre. Depuis qu’au début du XIXe siècle, Hidalgo souleva la nation, les révoltes se succèdent sans interruption. Tour à tour les chefs des insurgés se proclament présidens ou même empereurs. Lopez de Santa Anna, Yturbide, Benito Juarez, Porfirio Diaz, Madeiro, s’emparèrent tour à tour du pouvoir par la guerre civile. L’état des choses est resté le même aujourd’hui, avec le général Huerta.

La révolution est passée au Mexique à l’état endémique : aussi les menues occupations de la vie quotidienne s’y déroulent-elles comme en temps normal.On peut s’entre-tuer devant la porte de la ville, souvent même dans la rue voisine, entendre les coups de feu échangés, sans qu’on s’en préoccupe le moins du monde. On va à ses affaires, on visite ses amis, on travaille, et on se distrait comme à l’ordinaire. Souvent je me trouve témoin de rixes violentes, les trains sont constamment exposés à être attaqués ou dévalisés. Un jour, à peu de kilomètres de