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Mme DE STAËL ET M. NECKER
D’APRÈS LEUR CORRESPONDANCE INÉDITE


IX[1]
LES DERNIÈRES ANNÉES ET LA MORT DE M. NECKER


I

M. Necker était tombé malade le 30 mars. Il mourut le 9 avril. Aussi longtemps que ses forces le lui permirent, et presque jusqu’à la veille de sa mort, il continua d’adresser à sa fille, par chaque courrier, des lettres où l’expression d’une tendresse non moins profonde que celle qu’elle lui portait, alternait avec les nouvelles et les bruits de Paris ou de Genève que, pour satisfaire à l’ardente curiosité de Mme de Staël, il ne cessait de lui transmettre. De ces lettres j’extrairai ces derniers fragmens qui achèveront de faire connaître l’homme privé et lui vaudront peut-être quelque retour d’une sympathie et d’une estime que les injustes violences des partis extrêmes ont enlevées à l’homme public.

Genève, 3 mars.

Je n’ai pas pu recevoir une nouvelle lettre de toi depuis le dernier courrier. Je n’ai pas pu relire encore celle du 23 février au moment où

  1. Voyez la Revue des 15 février, 1er  et 15 mars, 1er  avril, 1er  décembre 1913,1er  mai, 1er  mal et 1er  juin 1914.