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étudièrent à Oxford, à Paris et s’occupèrent surtout de théologie. Au témoignage de Mathieu Paris, Robert attaqua violemment, dans un sermon prêché pour l’ouverture du Parlement en 1233, le ministre favori du Roi, Pierre des Roches, qui appelait aux places et aux honneurs ses compatriotes du Poitou. De Richard, on a des commentaires sur les Sentences de Pierre Lombard. Quant à Edmond Rich, il acheva ses études à Paris, peut-être avec Alexandre de Halès. Selon Roger Bacon, il expliqua le premier, à Oxford, la Réfutation des Sophistes, d’Aristote ; il fut archevêque de Cantorbéry et canonisé après sa mort. Maître Hugues, dit Roger Bacon, fît le premier à Oxford des conférences sur les Analytiques postérieurs, où se trouve la célèbre théorie aristotélicienne de la démonstration. Ainsi Roger Bacon connut à Oxford tout l’Organon d’Aristote, la logique ancienne, comme dit le Concile de 1215, et la logique nouvelle qu’ignorait Abélard ; il eut, par Robert Bacon et par Edmond Rich, des exemples d’indépendance et de sainteté dont il semble bien avoir conservé le souvenir.

Par Roger Bacon encore, nous savons qu’il y a des naturalistes anglais, opposés aux naturalistes parisiens sur une question d’importance capitale, la génération des humeurs par les élémens et celle des êtres inanimés, des végétaux, des animaux et des hommes par les humeurs. Que ce groupement des naturalistes d’Oxford, d’un côté, et des naturalistes de Paris, de l’autre, ait été imaginé par Roger Bacon ou qu’il se soit formé autour des deux Universités, il vaut la peine de le relever, puisqu’il s’agit, pour Roger Bacon, du fondement de la philosophie naturelle, de la médecine et de l’alchimie, surtout si on le rapproche de cette confrérie d’alchimistes dont les travaux, communiqués à tous ses membres, ont été mis en pleine lumière par Marcelin Berthelot ; car on comprend mieux ainsi que Roger Bacon ait avancé, sur la puissance du travail collectif, des idées qui furent en partie réalisées deux ou trois siècles plus tard par la création des Académies.

D’autres personnages, souvent cités par Roger Bacon, sont associés par lui aux maîtres anciens et aux sages antiques dont les modernes ont perdu les voies : ce sont Robert de Marisco, Thomas évêque de Saint-David et Guillaume Lupus, dont nous ne connaissons que les noms ; Guillaume de Shyrwode et Jean de Londres, Adam de Marisco et Robert Grosse-Tête, évêque de