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elles s’opèrent vers la gauche et contre la droite, non seulement contre les monarchistes, mais contre les républicains libéraux et progressistes ; le 10 mai, elles se sont même tournées contre la Fédération des Gauches et le parti républicain démocratique. Ceux qui invoquent la prétendue nécessité de se coaliser contre la droite ou contre les républicains qui ne sont pas radicaux savent très bien qu’elle n’est qu’une manœuvre destinée à conserver des sièges ou à en gagner de nouveaux : peu leur importe, puisqu’elle réussit. Sous un régime qui accorde tous les sièges à la majorité des votans, la tactique électorale décide de la victoire et les concentrations s’imposent, dans un sens ou dans l’autre, sous peine de défaite.

Examinons maintenant quelques résultats. Dans l’Ouest de la France, dans cette vaste région qui embrasse toute la Bretagne, la Normandie et les départemens voisins, la situation électorale ne s’est pas sensiblement modifiée depuis quatre ans ; la droite gagne, dans divers collèges, les sièges qu’elle a perdus dans d’autres ; dans l’ensemble, les suffrages du parti radical ont diminué. Dans l’Est, en Meurthe-et-Moselle, dans les Vosges et la Marne, les déchets du même parti sont assez sensibles, mais ils sont surtout remarquables dans la Seine : là, le parti radical n’a pu faire élire sous son patronage que M. Puech et M. Bokanowski, qui ont d’ailleurs défendu les trois articles essentiels du programme de la Fédération des Gauches. Sur cinquante-quatre députés à élire, le parti radical n’en a donc obtenu que deux dans le département le plus important, dans la capitale de la France et sa banlieue.

En Seine-et-Oise, trois députés radicaux, M. Thalamas en tête, sont battus et, en Seine-et-Marne, deux républicains modérés remplacent un député radical et un socialiste. La politique générale a donc exercé une influence certaine à Paris et dans les environs. Mais, elle n’en a exercé aucune dans le Centre, dans le Sud-Ouest, dans le Midi et dans le Sud-Est : au-delà de la Loire, les concurrences de personnes, la politique de clientèle et de clocher, les abus de la candidature officielle sont prépondérans.

Le scrutin d’arrondissement a provoqué, en outre, des résultats non seulement choquans, mais même absurdes : des minorités plus ou moins considérables n’obtiennent pas un seul représentant dans l’Aisne, l’Allier, le Cantal, le Cher, la