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Mme DE STAËL ET M. NECKER
D’APRÈS LEUR CORRESPONDANCE INÉDITE


VIII[1]
MME DE STAËL À BERLIN


I

Mme de Staël quitta Weimar le 1er  mars pour se rendre à Berlin. Elle laissait dans la petite cour ducale des amitiés sincères et des larmes furent versées le jour de son départ. Ce n’était pas sans quelque hésitation qu’elle avait pris le parti de s’enfoncer ainsi en Allemagne et de s’éloigner davantage encore d’un père aussi aimé. Ce n’était pas non plus sans quelque mélancolie que M. Necker voyait s’accroître la distance qui le séparait d’une fille si chère. Sans essayer de lui dissimuler complètement cette mélancolie ; cependant il la confirmait dans le projet qu’elle avait formé ; il combattait les reproches qu’elle aurait été disposée à s’adresser à elle-même et la rassurait sur l’état de sa santé qui était l’objet de la préoccupation constante de Mme de Staël. En même temps, comme elle aimait « tout savoir, » il la tenait au courant des nouvelles qui arrivaient de Paris et des bruits qui circulaient à Genève. Quelques courts fragmens de ses lettres ne paraîtront peut-être pas tout à fait dénués d’intérêt, car il est parfois curieux de saisir sur le vif

  1. Voyez la Revue des 15 février, 1er  et 15 mars, 1er  avril, 1er  décembre 1913,1er  et 15 mai 1914.