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de 51 millions de francs ; les contribuables en rachetèrent la plus grande partie, si bien que le montant de l’impôt foncier dans le Royaume-Uni est tombé au-dessous de 20 millions de francs (750 000 liv. st.).

L’impôt foncier ayant été ainsi racheté, en grande partie, à la fin du XVIIIe siècle, le principal impôt direct avait disparu en Angleterre, et l’on ne pouvait le rétablir ; c’eût été un acte de mauvaise foi. Des taxes industrielles et commerciales générales correspondant à nos patentes n’existaient pas ; on ne connaissait que les licences, analogues aux taxes que nous appliquons aussi sous ce nom et qui frappent quelques industries exceptionnelles, le commerce des boissons, celui des transports, alors rudimentaire. On ne pouvait songer, avec l’administration britannique très embryonnaire, à établir un impôt industriel et commercial général, chose très compliquée. Comme autres impôts directs, on ne connaissait guère que les droits dénommés Assessed taxes (taxes assises), lesquelles correspondent assez à ce que nous dénommons « taxes assimilées aux contributions directes ; » c’était, outre une taxe sur les portes et fenêtres, divers droits ayant plus ou moins un caractère somptuaire : taxe sur les voitures, sur les domestiques, etc.

Ainsi, il n’existait en Angleterre, particulièrement depuis l’opération de rachat sous Pitt, en 1798, de l’impôt foncier, aucun système général d’impôts directs, et l’état très embryonnaire des administrations publiques ne permettait pas d’en constituer un. C’est dans ces conditions qu’apparut, en 1798, le premier impôt sur le capital et le revenu, property and income tax ; il fut établi, à l’instance de Pitt, par une loi votée « accordant à Sa Majesté une aide et une contribution pour la continuation de la guerre ; » il s’agit de la guerre contre la France ; c’était une contribution extraordinaire, qui fournit 150 millions de francs, dans la deuxième année de son application, soit 100 millions de moins que la somme espérée : elle fut supprimée après la paix d’Amiens, laissant un arriéré considérable. La guerre ayant repris presque aussitôt, l’income tax fut rétabli en 1803, avec les cinq célèbres cédules, A, B, C, D, E, frappant les différentes catégories de revenu ; car il ne s’agissait que d’un impôt cédulaire, et non d’un impôt global : les revenus au-dessous de 60 livres sterling ou 1 500 francs étaient affranchis de la taxe et ceux entre 1 500 francs et 3 750 francs bénéficiaient de