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résultat de ce pénible procès, il ne restera au gouvernement d’autre moyen de défense, dans l’avenir, que de déclarer Paris en état de siège et de faire fusiller impitoyablement tous ceux que l’on prendra les armes à la main.

Le maréchal Gérard, en prévision d’émeutes nouvelles, a élaboré un plan de défense de la ville de Paris, qui est un véritable chef-d’œuvre de stratégie : en moins d’une heure, Paris serait couvert de troupes et d’artillerie ; les gardes nationaux n’auraient plus qu’à garder chacun son quartier et sa rue ; ils pourraient donc se mettre sous les armes sans être obligés de quitter leurs affaires et sans avoir à craindre de voir piller leurs maisons pendant ‘qu’ils opéreraient loin de leur domicile.


15 juillet. — Ce que j’avais prévu est arrivé : le Roi a commué la peine de mort de Barbès en celle des travaux forcés à perpétuité. Les journaux de l’opposition se déchaînent contre cette demi-grâce et disent que c’est pire que la mort. Sur ce dernier point, il faudrait au moins et avant tout consulter le goût d’un chacun. Je suis bien certain, par exemple, que Mialon préfère le bagne à la mort, mais je suis également convaincu que Barbès aurait préféré le, dernier supplice que la grâce du Roi, et moi, à sa place, j’aurais également préféré mourir sur l’échafaud que de traîner une misérable vie, accouplé à un assassin, à un être abruti par les vices et les crimes. Je crois donc que le calme de Barbès, qui ne l’a pas quitté au moment où on lui a annoncé l’arrêt de mort, le quittera à l’annonce de l’épouvantable grâce qu’on lui a faite.


24 septembre. — L’invitation à Fontainebleau est fixée à samedi prochain pour dîner et pour y passer ensuite le dimanche. La Reine n’a consenti à ce voyage qu’à condition qu’il n’y aurait ni fêtes, ni spectacles, ni même concert dans les appartemens : rien enfin qui, lui rappelle le dernier séjour à Fontainebleau, où la pauvre princesse Marie faisait les honneurs d’une manière si gracieuse, et, comme il n’y aura qu’un an au mois de janvier qu’elle a eu le malheur de la perdre, elle ne veut point entendre parler de réjouissances. C’est pourquoi on a abrégé le plus possible le séjour en Lui-même, ainsi que le nombre des invités qui sera excessivement restreint.