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matin, ou après le déjeuner. Je m’y occuperai de la lecture du Nouveau Testament ou de limitation ou de quelque livre pieux ayant quelque rapport au très-saint Sacrement.

6° Dans les récréations, j’éviterai d’aller plus avec l’un qu’avec l’autre, quoique je ne croie pas qu’il me soit défendu d’avoir quelqu’un à qui je puisse ouvrir mon cœur.

7° En tous mes exercices, j’éviterai le trouble, ou du moins je n’y ferai pas attention.

8° Je tiendrai à la propreté dans ma chambre et sur moi-même, faisant tous mes arrangemens le soir et le matin.


PRINCIPES DE CONDUITE

Un principe essentiel dans la recherche du type que je veux suivre, c’est que la perfection pour chaque homme n’est pas de sortir de son naturel, mais de rester dans son naturel.

L’impossibilité prouvée par l’expérience où est tout homme de parvenir à un beau caractère hors de son naturel, suffirait pour établir ce principe. C’est en effet son oubli qui produit ces espèces de polichinelles, dont le monde est plein, et qui donnent la nausée à ceux qui sont dans le vrai et qui ont le tact un peu fin.

Et qu’on ne dise pas que ces individus, s’ils fussent restés dans leur naturel, eussent tout de même été des hommes médiocres. Sans doute ; mais ils eussent été vrais : or il n’est pas imposé à tous d’avoir un grand et beau caractère, mais c’est un devoir pour tous d’être ce que l’on est, d’avoir dans le caractère cette vérité, sans laquelle il n’y a pas de vie sérieuse. Les hommes médiocres qui restent ce qu’ils sont, qui sont médiocres avec vérité, sans emphase, sans prétention, ne sont ni méprisables, ni ridicules, et la foi et la raison nous apprennent qu’ils peuvent parvenir à une aussi grande hauteur morale que les plus grands esprits. Mais les médiocres, qui singent le grand, qui ne peuvent se résoudre à s’avouer ce qu’ils sont, qui sont sans cesse occupés à se tromper eux-mêmes, ceux-là sont méprisables et ridicules.

Je vais plus loin, et je prétends qu’il n’y a réellement aucun naturel méprisable, c’est-à-dire qui, réglé par une volonté droite, ne puisse devenir digne d’estime. Il y a des caractères grands,