Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au moment qu’il choisira. Auparavant, on lui défendait souvent de l’opérer autrement que sous la surveillance de son bailleur, qui venait quand bon lui semblait. Les contrats pour travaux agricoles seront enregistrés ; chaque ouvrier devra posséder un carnet sur lequel son compte sera tenu. Des commissions régionales, composées de l’inspecteur agricole et de deux délégués, l’un des propriétaires, l’autre des paysans, seront créées dans chaque district : elles fixent le minimum du salaire, d’après les prix de la main-d’œuvre pendant les trois dernières années, déterminent le travail qu’un ouvrier doit exécuter par jour, arrêtent les prix maxima de fermage de la terre de culture ou de pacage. Les prix doivent être approuvés par le Conseil supérieur de l’Agriculture et publiés au Moniteur Officiel. Ces mesures étaient justifiées, d’après l’exposé des motifs du projet de loi, par le caractère confus, abusif et souvent usuraire de beaucoup de contrats.

On a créé en même temps des pâturages communaux, qui permettent au paysan de nourrir son bétail et ses bêtes de somme ; car la hâte avec laquelle on avait étendu de tous côtés la culture des céréales avait fini par diminuer d’une façon inquiétante le troupeau roumain. Ces pâturages, dans l’esprit du législateur, sont destinés à se transformer progressivement en cultures de fourrages artificiels. A cet effet, les propriétaires sont invités à vendre aux communes des prairies en rapport avec le nombre de bestiaux à nourrir, jusqu’à concurrence d’un huitième des propriétés de moins de 300 hectares, et d’un septième des autres. En trois ans, il a été vendu aux communes environ 500 pâturages d’une superficie de 66 000 hectares, pour un prix d’environ 40 millions. L’Etat garantit aux propriétaires le paiement, en douze ans, du capital et des intérêts. Les communes sont tenues d’ensemencer les deux cinquième« de ces pâtures en luzerne, deux cinquièmes en fourrage artificiel et de laisser le dernier cinquième en herbe pour le pacage des bestiaux. Chaque paysan paie à la commune une redevance proportionnelle au nombre de têtes d’animaux qu’il possède.

Afin de faciliter l’exécution de ces diverses mesures, le gouvernement fit voter, le 3 avril 1908, la loi instituant la Caisse rurale, qui a pour objet essentiel de donner aux paysans roumains le crédit nécessaire à l’achat de terres ; ses droits ne