Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et, huit jours plus tard, pour l’Octave. En ces deux solennités, on put voir les membres de la Constituante, ceux de gauche comme ceux de droite, suivre la procession de Saint-Germain-l’Auxerrois en longue file derrière le Saint-Sacrement. Et il n’y a, dans ces manifestations qui nous paraissent contradictoires, ni hypocrisie ni inconséquence : les Parlemens agissaient de même quand ils condamnaient la bulle Unigenitus ou supprimaient les Jésuites. C’est alors qu’ils témoignaient de plus de zèle pour la religion. Le malheur de Calas a été de tomber sur un de ces momens-là.

La Constitution civile une fois votée, la Constituante crut peut-être que le Pape finirait par l’accepter, mais on a déjà vu qu’elle ne lui en laissa guère le temps. Les événemens vont toujours plus vite à Paris que les réponses du Pape n’y arrivent ou n’y peuvent arriver. Ainsi la Constitution civile est votée le 12 juillet. Dès le 22, le Roi s’engage à la ratifier, avant que la protestation du Pape (quoique datée du 10) ait eu le temps matériel de venir de Rome à Paris. Pourquoi cette précipitation de la part du Roi ? Ce n’est pas évidemment de son plein gré qu’il brusque ainsi des événemens qui mettent sa conscience de croyant à une cruelle épreuve : c’est pour satisfaire l’impatience de l’Assemblée. De même la promulgation officielle est du 24 août, et précède également une nouvelle lettre du Pape. Pourquoi cette fois encore Louis XVI s’est-il tant pressé ? Parce que l’Assemblée, comme le Grand Roi, n’aime pas attendre. Elle a implicitement admis que des négociations, — dont elle ne veut d’ailleurs rien savoir, — pourraient avoir lieu ; elle n’admet pas que ces négociations aillent moins vite que son désir. Dès le commencement d’août, le Comité ecclésiastique a délégué deux de ses membres auprès du garde des Sceaux, Cicé, pour réclamer une prompte promulgation. Celui-ci demande un délai de huit jours pour faire une réponse positive. Le 16 août, un député provençal, Bouche, se plaint à la tribune de toutes ces lenteurs. Il a interrogé le garde des Sceaux, qui a rejeté la faute sur l’Imprimerie royale ; mais Bouche, défiant, s’est renseigné auprès du directeur, qui a répondu n’avoir rien reçu. L’Assemblée charge son président d’écrire à ce sujet au garde des Sceaux. Le lendemain, un message du ministre explique qu’un peu de temps est encore indispensable pour assurer les mesures d’exécution. Le 20 août, Bouche revient à