Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 20.djvu/951

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Rien ne serait plus téméraire que de prédire le résultat des élections du 26 avril. Il faudrait savoir, pour le tenter, quelle impression les derniers événemens ont produite sur le suffrage universel, et le suffrage universel est un élément dont les fluctuations échappent au calcul. Le pays, toutefois, serait tombé dans une insensibilité étrange s’il n’avait pas été ému, troublé, secoué par le triste spectacle qu’a donné la Chambre au milieu de ses dernières convulsions ; et nous ne parlons pas seulement des scandales dont le contre-coup a rejailli sur elle, nous y reviendrons dans un moment ; mais que dire de l’impuissance qu’elle a manifestée en matière financière et du désarroi dans lequel elle nous laisse ? Pour la première fois depuis que le gouvernement parlementaire fonctionne chez nous, une Chambre est partie sans avoir rempli tout son mandat, tout son devoir et ce qu’elles avaient toutes jusqu’ici considéré comme leur droit : elle n’a pas voté le budget.

On s’explique, sans l’excuser, qu’elle ait reculé devant cette obligation. Nous sommes à la veille des élections ; le déficit avoué est de 800 millions et le déficit réel est plus élevé encore. Où trouver des ressources pour y faire face ? Le bon sens aurait consisté à les demander à notre système d’impôts, qui a, toutes les fois qu’on l’a voulu, montré sa merveilleuse souplesse et sa solidité. Quelques retouches, sans doute, y auraient été nécessaires, mais l’heure était, à coup sûr, mal choisie pour discréditer et briser l’instrument. C’est néanmoins ce qu’on a fait, ou ce qu’on s’est efforcé de faire, car on n’y a pas encore réussi et on s’est égaré et perdu dans des projets de réformes dont aucun n’a pu encore aboutir. Que sont devenues, en matière financière, les promesses inconsidérées du ministère Caillaux-Doumergue ? Pas une seule n’a été réalisée. Les votes de la Chambre