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REVUE DRAMATIQUE


Gymnase : Pétard, comédie en trois actes de M. Henri Lavedan. — Comédie-Française, l’Envolée, pièce en trois actes de M, Gaston Devore. — Deux Couverts, un acte de M. Sacha Guitry. — Comédie des Champs-Elysées : La Victime, comédie en trois actes de MM. Fernand Vandérem et Franc-Nohain. — Théâtre-Antoine. — La force de mentir, pièce en trois actes de MM. Tristan Bernard et Marullier. — La Tontine, comédie en deux actes de MM. Paul Armont et Marcel Gerbidon.


Pour une comédie satirique, il n’y a pas de meilleur type que celui du parvenu. Important par définition, bruyant par tempérament, il tient de la place, il emplit la scène, il s’entend de loin, il se voit de partout : c’est, éminemment, un personnage de théâtre. Il n’est pas désagréable à regarder ; il représente le succès, il donne l’exemple de la fortune : c’est un bon exemple. D’ailleurs, content de lui, il est content des autres et veut que tout le monde soit content. Ce n’est pas un méchant homme ; il sait qu’il a beaucoup à se faire pardonner : il se laisse gruger. Nous éprouvons pour lui une sorte de sympathie ; mais c’est une sympathie dédaigneuse et qui fait la renchérie. Ce richard qui a lui-même gagné ses richesses, cet arriviste qui a déployé, pour arriver, des ressources infinies d’habileté, d’énergie, de roublardise, de persévérance, d’ingéniosité et de volonté, on a soin de nous le représenter, toujours et invariablement, comme un parfait imbécile. Ce n’est guère vraisemblable, mais c’est ainsi. On admet qu’ayant dépensé tout son esprit dans l’acquisition de sa fortune, il ne lui en reste plus pour son usage intime. Il est mal élevé, vaniteux, grossier, épais, vantard et entasse les gaffes sur les balourdises. Et cela nous fait énormément de plaisir : cela nous flatte et nous venge. Nous songeons, à part nous : « La fortune, à ce prix-là, c’est trop cher. Et moi aussi, parbleu !