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CORRESPONDANCE DE SOPHIE-DOROTHÉE
PRINCESSE ÉLECTORALE DE HANOVRE
AVEC
LE COMTE DE KONIGSMARCK [1]
1691-1693

II

Konigsmarck, qui avait quitté l’armée sans demander son congé, accourait, brûlant les étapes, insouciant des suites possibles de son imprudence.

Il était suspect à Hanovre où sa fugue pouvait procurer le prétexte cherché pour le perdre. Qu’importe !

« Du moment que vous voulez me voir, je vole, j’accours, » avait-il écrit à la princesse. Il arrive à Hanovre exténué, dans un piètre équipage, sans prendre garde qu’il venait tout droit se jeter dans la gueule du loup, car son absence n’avait pas désarmé la Platen.

La nuit même de son retour, il recevait de Sophie-Dorothée la récompense de sa folle équipée, et le roman se poursuivit, plus ardent, plus dangereux.

Pour endormir la jalousie de la puissante comtesse, les amans durent se résigner à la pire des compromissions. C’est la jalouse Dorothée, elle-même, qui engage Konigsmarck à faire sa paix avec la favorite dont elle s’était rapprochée. Le jeune homme s’en défend, d’abord, énergiquement, puis il obéit.

  1. Voyez la Revue du 1er avril.