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que leur éloquence n’a pas dépassé celle du très beau panégyrique que prononça l’évêque d’Orléans à l’occasion de la première des fêtes dont nous parlons. Tous ceux qui le liront dans le livre de M. Emile Faguet s’associeront à l’admiration qu’il a éprouvée lui-même en le reproduisant.

Il faudrait faire place encore aux villégiatures de l’évêque d’Orléans. Sa vie laborieuse où dix-huit heures sur vingt-quatre étaient consacrées à ses travaux, n’aurait pu se continuer telle qu’il la menait, si, chaque année, il ne s’était accordé quelques semaines de repos. Des amitiés précieuses lui en avaient assuré la jouissance périodique, en Savoie et en Dauphiné, au château de Menthon et au château de Lacombe. Les séjours qu’il y faisait, les amis qu’il y rencontrait, parmi lesquels il convient de citer Lacordaire, l’abbé Gratry, le futur cardinal Perraud, Mgr Turinaz, aujourd’hui encore évêque de Nancy, lui ont inspiré des lettres exquises où se révèle un tempérament d’artiste en même temps qu’une âme ardemment croyante. Elles sont dans l’œuvre de Mgr Dupanloup un embellissement et une parure, comme l’est un sourire sur un visage habituellement empreint de gravité.

Je dois encore passer sans m’y arrêter sur les incidens et les polémiques que suscitèrent successivement le Congrès de Malines, le Syllabus, le Concile du Vatican, la question de l’infaillibilité pontificale. Mgr Dupanloup défendit vigoureusement ses convictions et les maintint envers et contre tous, tant que le Saint-Siège ne se fut pas définitivement prononcé. Dès que Rome eut dit son dernier mot, il s’inclina purement et simplement, sans hésiter, et lorsque la papauté était attaquée, on le vit courir au drapeau et proclamer sa soumission, afin de se donner plus d’autorité pour le défendre en faisant acte de serviteur obéissant et de bon prêtre selon l’Eglise.

A ce moment, et alors que la vieillesse était venue, il pouvait espérer qu’il finirait ses jours, sinon dans le repos et l’oisiveté, qui eussent été pour lui un supplice, mais dans la paix à laquelle chacun de nous peut se flatter d’acquérir des droits, lorsqu’il a mérité d’en jouir par son labeur et par l’incessant désir de bien faire. Mais il n’était pas au bout de ses agitations et de ses épreuves ; la plus cruelle de toutes celles qu’il pouvait redouter allait être imposée à son patriotisme. La guerre approchait avec ses horreurs, et bientôt, comme tous les Français, il avait à gémir sur les malheurs de la patrie. Autour