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Si, malgré la crise des effectifs, le « corps expéditionnaire » de l’armée britannique a atteint, au point de vue du matériel et de l’entraînement, une valeur à laquelle les généraux Foch et de Castelnau ont rendu hommage ; si, malgré les criailleries des pacifistes germanophiles, la marine britannique a conservé toute sa supériorité sur sa jeune rivale, n’est-on point autorisé à conclure que le contrôle de la Couronne, le contact avec le Souverain, rétablis par George V et réalisés avec sa minutie coutumière, ont pu contribuer à un résultat, qui honore le peuple anglais et rassure les nations amies ?


Son action sociale a été aussi opportune que son œuvre militaire. De même que la poussée démocratique aurait pu affaiblir la force armée, si quelques ministres et le Roi ne s’étaient point trouvés d’accord pour maintenir intacte l’armure de Britannia ; de même, la crise révolutionnaire, qui ébranlait les couches profondes de la masse ouvrière aurait été plus sanglante et plus durable, si, aux forces de résistance économiques et politiques, le Souverain n’avait pas ajouté l’appoint de sa légitime popularité, et sans doute, ici encore, la reine Victoria, le Prince consort, et même Edouard VII ont, par avance, rappelé à leur héritier que l’apostolat social constitue le plus précieux apanage de la monarchie britannique. Mais George V, dans cette forme de son activité, comme dans les autres, a marqué l’originalité de son tempérament.

Certes, il n’innove point, lorsqu’il commence son règne par une visite au London Hospital (30 juillet 1910), ou lorsqu’il décide qu’un banquet offert à 100 000 enfans de Londres constituera une des fêtes de son couronnement. Il n’innove pas davantage, quand il préside, avec la Reine, à toutes les inaugurations d’œuvres sociales, inspecte, comme il le faisait le mois dernier, les bâtimens de la Young Mens Christian Association, à Tottenham court Road, et visite le nouvel édifice de l’Institut national pour les aveugles. Il reste également fidèle à de bienfaisantes traditions, lorsqu’il édifie des maisons modèles sur les terrains que possède à Londres, dans le quartier de Kensington, le duché de Cornouailles, ou quand il accorde à ses journaliers agricoles de Sandrigham une augmentation de salaires, la semaine anglaise et une garantie de six mois pour