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Aldershot pour se rendre à Portsmouth. Il ne se borne pas à une visite d’apparat ou à une vision d’ensemble. Il se fait mettre au courant des innovations scientifiques introduites, depuis le jour où il a dû quitter son bord. A Whale Island, l’école des canonniers et celle des torpilleurs sont minutieusement inspectées. A Haslar Creek, George V étudie les derniers types de sous-marins et les appareils de sauvetage. Puis il s’embarque. Cette flotte, qui cale 700 000 tonnes et porte 1 200 canons, évolue dans la baie de Torbay. Quand le brouillard arrête les manœuvres, le Roi saute dans un canot et visite un nouveau cuirassé. Lorsque la brume se dissipe, il assiste à des tirs, où l’élite des canonniers rivalise d’adresse. L’année suivante, l’année du couronnement, je le vis passer, entre une haie de dreadnought, dans la rade de Spithead, Le 8 mai 1912, il prend, de nouveau, le commandement de ses escadres, concentrées dans la rade de Weymouth. Après une série d’évolutions, six cuirassés, choisis parmi les puissans, procèdent à des tirs, à des feux de salves, sur un but mouvant ; et le Roi vérifie l’état des cibles, calcule le pourcentage des ratés. Il embarque, ensuite, à bord de l’Orion, le super-dreadnought qui vient d’être mis en service, et assiste à l’essai des grosses tourelles. Du haut du Neptune, le vaisseau-amiral, il suit les attaques des sous-marins et prend part aux premières expériences d’hydroplanes. Après plusieurs jours passés au milieu des matelots, il ne descend pas à terre avant d’avoir plongé à bord d’un submersible.

« Quand, dans une occasion comme celle-ci, il prend le commandement d’une ses flottes, écrivait le Times (11 mai), le Roi ne le fait point avec apparat, en tant que chef suprême de la marine, mais d’une manière toute professionnelle, en tenue de travail, comme un officier, « qui connaît le métier, » et qui est aussi capable de juger, avec rapidité et sagacité, de la discipline, du bon ordre, du degré de préparation, qu’aucun de ses anciens camarades. » Et, en effet, dès qu’un navire d’un type inédit est mis à l’essai, quelle que soit la saison de l’année, George V quitte Londres. Le 5 février 1913, il est de nouveau à Portsmouth, afin d’assister au départ du croiseur dreadnought, New Zealand, le premier cuirassé offert par une colonie, le noyau de la future escadre impériale. Il en profite pour inspecter un submersible de gros tonnage, muni du télégraphe sans fil et de canons mobiles.