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LE ROI GEORGE V

Lorsque, le 21 avril, les Parisiens verront George V descendre cette avenue des Champs-Elysées, par où passait il y a onze ans, au mois de mai 1903, Edouard VII, quand il apportait à la France, au lendemain de difficultés oubliées, un message de bonne volonté, ils seront dupes d’une ressemblance plus superficielle que profonde, plus apparente que réelle.

Le Roi diplomate avait la tête ronde et le front carré, la prunelle sombre et le regard vivant des Cobourg. Un visage ovale et un front étroit, l’œil clair et le regard rêveur donnent à son fils une extraordinaire ressemblance avec le Tsar, trahissent son origine scandinave et sa parenté danoise. Le successeur de la reine Victoria avait hérité de sa vigueur germanique. Solide et trapu, il résista sans effort aux longs horaires des voyages continentaux et aux fantaisies culinaires des protocoles européens. Seuls, un accident et une maladresse ont pu rendre éphémère un règne, dont tout permettait de prévoir la longévité. Ni la mer, ni le sport, ni la discipline du marin, ni les rigueurs du puritain n’ont donné à George V la robustesse de ses aînés. Parfois les mêmes sourires éclairent la figure pleine et ronde du père, le visage allongé et grave du fils. Mais ils n’ont pas les mêmes caractères. L’un était l’expression d’une bonhomie spirituelle et d’une santé plantureuse. Dans l’autre, il y a un peu de mélancolie et beaucoup de bonté.

Edouard VII fut préparé à sa tâche de monarque, suivant un programme dressé par un philosophe politique. Il connut un entraînement progressif et des études spécialisées, un régime