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LE
MUSÉE JACQUEMART-ANDRÉ

SES ORIGINES, SES FONDATEURS, SON ORGANISATION

Depuis que le Musée Jaequemart-André a ouvert ses portes, le 8 décembre dernier, la foule des amateurs et des curieux s’y presse, aux jours payans autant qu’au jour public. Il y a longtemps que les Parisiens, en longeant le boulevard Haussmann, remarquaient, à son extrémité, devant un superbe hôtel, une large terrasse, singulièrement garnie par d’énormes chapiteaux, vasques de fontaines, margelles de puits, sarcophages en marbres ou pierres sculptés. C’était là, sans nul doute, la résidence magnifique de quelque millionnaire original, collecteur passionné d’antiquailles et vieilleries. Mais, à part quelques familiers du logis, bien peu s’imaginaient que, dans cette bâtisse solide et grave, s’accumulait, depuis un demi-siècle, à leur intention, le plus riche trésor d’œuvres d’art anciennes qu’un patriotisme intelligent ait pu offrir à la France, depuis la donation du château et du Musée de Chantilly par le Duc d’Aumale en 1897. En léguant, à l’Institut de France avec l’hôtel, les collections diverses qu’il contient, à la condition d’en respecter l’arrangement, Mme Edouard André a suivi, d’ailleurs, l’exemple du Prince au grand cœur dont toute la vie, de vaillance active ou de résignation laborieuse, avait été vouée au culte et à l’amour de son pays.