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roi d’Angleterre pourrait dans toute la chrétienté faire publier l’infamie du prétendu roi de France, qui avait eu recours à une abominable sorcière pour s’emparer d’un royaume qui n’était pas le sien. Ou bien Jeanne persisterait dans ses dires, et alors c’était le bûcher qui l’attendait. De toute manière, le parti anglais ne pourrait retirer, d’un procès savamment dirigé par l’évêque de Beauvais, qu’un résultat des plus profitables à ses intérêts. »

Après un aperçu rapide des différentes phases du Procès, M. Valin en arrive à la journée du 24 mai, en nous disant : « Tout avait été tenté sans succès pour arriver à une rétractation... le matin du 24 mai, Jean Beaupère fit auprès de la Pucelle une dernière tentative... Ayant échoué, on expédia à la Pucelle Nicolas Loyseleur, qui ne fut pas plus heureux : promesses, menaces, tout fut inutile. »

Le rapport nous dit que « Pierre Cauchon avait suivi pas à pas les règles tracées par le Directorium ; » mais si, au lieu de s’en rapporter uniquement au Directorium, M. Valin eût également consulté les travaux du grand inquisiteur Jean Bréhal, il aurait constaté que Cauchon n’avait suivi les règles de droit inquisitorial qu’autant qu’elles lui étaient utiles.

Combien ces règles ont été violées pour la scène de Saint-Ouen, nous l’avons déjà montré dans cette étude ; de plus, une appréciation, que personne ne contestera, nous est apportée par le révérend Wyndham.

La figure de Jeanne d’Arc l’a tellement séduit que, depuis vingt-cinq ans, tous les instans que lui laisse un ministère très occupé ont été consacrés à étudier notre grande héroïne. — Il est Anglais ; le sentiment national ne peut donc influencer son jugement. Il était pasteur anglican et, par sa valeur personnelle comme par la situation de sa famille, tous les honneurs l’attendaient dans la Haute-Eglise ; devenu prêtre catholique, il a été l’un des promoteurs le plus en vue de ce mouvement qui entraîne nombre de ses compatriotes vers la religion catholique. Etant venu du protestantisme, les questions qui concernent l’Inquisition ont été, de sa part, l’objet d’études approfondies ; aussi son opinion, sur la scène de Saint-Ouen, a-t-elle une autorité particulière.


Londres, le 3 octobre 1913.

« Monsieur le Comte,

« Je vous suis très reconnaissant d’avoir bien voulu me communiquer